Alors que les catastrophes climatiques continuent de croître en fréquence et en ampleur, le Canada est le seul pays du G7 à ne pas avoir été en mesure de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) depuis la ratification de l’accord de Paris.

Si la 27e conférence de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) — qui débute le 6 novembre — est critiquée à juste titre, il importe de rappeler que l’unique moyen d’atteindre les objectifs climatiques mondiaux est de réduire significativement la production de charbon, de pétrole et de gaz. Ce sont donc les politiques nationales de chaque pays qui déterminent la valeur concrète des accords internationaux.

Dans cette optique, quel rôle des pays nantis et très disproportionnellement responsables de la crise climatique comme le Canada doivent-ils jouer ? Voici quatre politiques que le gouvernement fédéral devrait rapidement mettre en place pour commencer à rattraper le retard accumulé durant des décennies d’inaction climatique :

  • arrêter immédiatement l’expansion de l’exploitation des combustibles fossiles et de la construction de nouvelles infrastructures de transport et de transformation des hydrocarbures. Non seulement il n’est, d’un point de vue économique, pas viable d’investir dans l’accroissement du problème plutôt que de commencer à déployer les solutions, mais c’est également la seule option envisageable afin d’assurer le respect des droits humains en matière d’environnement ;
  • plafonner les émissions provenant de l’industrie du pétrole et du gaz en se fondant sur la science pour ensuite abaisser graduellement cette limite de façon à maintenir le réchauffement global sous le seuil critique de 1,5 °C. Les recettes tirées de la tarification de la pollution doivent être réinvesties de manière équitable afin d’aider les familles et les entreprises à abandonner les combustibles fossiles au profit de sources propres d’électricité ;
  • suivre l’exemple des pays de l’Union européenne et créer un impôt sur les profits exceptionnels issus de la production d’hydrocarbures. Les sociétés pétrolières et gazières engrangent des profits records alors que de nombreux foyers peinent à payer leurs factures d’énergie. Le secrétaire général de l’ONU a souligné à maintes reprises la nécessité d’agir pour contrer cette injustice flagrante en pleine crise mondiale de l’énergie ;
  • concevoir une stratégie globale proactive au service des communautés et de la planète pour favoriser la résilience des collectivités en les aidant à s’adapter aux effets des changements climatiques et minimiser et compenser les pertes et les préjudices causés par la destruction climatique.

D’ici 2050, les pertes et les dommages que les changements climatiques causeront aux moyens de subsistance, aux infrastructures essentielles, aux terres, à la biodiversité et au patrimoine culturel s’élèveront à environ 1000 milliards de dollars américains par année. La COP27 devrait être la première où les États se concentreront sérieusement sur la question de déterminer à qui il incombe de payer la facture pour la reconstruction è la suite de ces drames, mais aussi pour les mesures d’adaptation urgentes devant être prises afin de prévenir une partie des dommages et sauver des vies. Ce sont du moins les attentes des 58 pays membres du Climate Vulnerable Forum, dont les populations combinées s’élèvent à 1,5 milliard de personnes, mais qui ne sont responsables que de 5 % des émissions de GES mondiales.

Les pays vulnérables font face à des risques existentiels et il est clair que les pays riches doivent assumer leur responsabilité en les soutenant financièrement.

La montée du niveau de la mer et les catastrophes climatiques plus intenses auront de profondes conséquences juridiques et menacent la souveraineté et l’intégrité territoriale des États, la paix mondiale et la sécurité de tous et toutes. Bien qu’il ait énormément de chemin à faire, le Canada est parmi les pays les mieux placés sur les plans technologique et économique pour jouer un rôle de leader dans la réponse globale à la crise climatique.

La COP27 doit être l’occasion pour le Canada de faire le grand saut en reconnaissant son rôle de longue date dans la formation et la dégradation de la crise climatique et en y remédiant.

De nombreuses solutions climatiques efficaces et abordables n’attendent que d’être mises en place, et il n’y aura jamais de moment plus opportun que maintenant afin d’être en mesure de dévier positivement la trajectoire dangereuse dans laquelle l’humanité est engagée.

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