Ce 3 novembre, nous soulignons pour la première fois la Journée internationale des réserves de biosphère, une initiative de l’UNESCO.

Et le mois prochain, la planète s’apprête à se réunir à Montréal dans le cadre de la conférence des Nations unies sur la biodiversité COP15, afin de s’attaquer à l’une des menaces existentielles pour notre planète et l’humanité.

Le réseau mondial des réserves de biosphère a été lancé en 1971 afin de concilier la conservation de la biodiversité et son utilisation durable. On compte aujourd’hui 738 réserves situées dans 134 pays, dont 19 au Canada – 4 au Québec : le lac Saint-Pierre, le mont Saint-Hilaire, Charlevoix et Manicouagan-Uapishka. La spécificité de telles réserves est qu’on y tente d’harmoniser l’activité humaine avec la biodiversité et les écosystèmes du territoire, à la fois riches et fragilisés.

Dans le cas du lac Saint-Pierre, vestige de la mer de Champlain situé dans le couloir fluvial entre les îles de Berthier-Sorel et Trois-Rivières, le territoire constitue 50 % des milieux humides du Saint-Laurent et abrite de nombreuses espèces floristiques et fauniques dont certaines sont en difficulté, telle la perchaude. Mais il ne s’agit évidemment pas d’interdire l’activité humaine dans le lac et le territoire adjacent, exception faite de certaines aires strictement protégées telle la héronnière de La Grande Île, l’une des plus importantes en Amérique du Nord. La région foisonne en effet d’activité économique, notamment l’agriculture, la foresterie et l’industrie, dont certains secteurs engagés dans la transition écologique.

L’approche privilégiée pour atteindre nos objectifs est la concertation avec tous les types d’acteurs du territoire : les organismes bénévoles, les acteurs économiques (agriculture, industrie, tourisme, transport fluvial), les communautés autochtones, les établissements universitaires et scientifiques, les secteurs de villégiature, chasse et pêche, les organismes culturels, ainsi que les différents ordres de gouvernement (municipalités riveraines, MRC, gouvernements provincial et fédéral). Il n’est pas toujours facile de concilier tous ces intérêts et les conflits d’usage qui en résultent, mais le dialogue et l’engagement permettent de dégager des solutions aux enjeux et d’agir en conséquence.

À l’échelle locale, cette approche illustre le défi et surtout les possibilités quant à ce qui peut être fait au niveau national et international. Et c’est dans cette optique que devraient se présenter les participants à la COP15.

PHOTO PHILIPPE MANNING, FOURNIE PAR LE BIOPHARE

La héronnière de La Grande Île est l’une des plus importantes en Amérique du Nord.

On a souvent tendance à associer l’enjeu de la biodiversité à la seule protection d’espèces animales emblématiques, telles les baleines, ou d’en faire un volet secondaire d’une autre crise tout aussi critique, celle du changement climatique. Or, la biodiversité, c’est bien plus que cela.

Les enjeux associés à la biodiversité sont en effet critiques pour notre prospérité et qualité de vie, voire notre survie : eau potable, alimentation, santé, en plus de nombreux matériaux entrant dans la chaîne de production économique. Le Forum économique mondial de Davos décrit d’ailleurs la biodiversité comme l’un des principaux risques auxquels nous faisons face.

C’est ainsi que la COP et la protection de la biodiversité doivent mobiliser non seulement les environnementalistes, mais aussi une vaste coalition d’intervenants, allant des gouvernements au secteur privé en passant par le milieu scientifique.

Les participants à la COP15 élaboreront un cadre mondial et un plan d’action pour contrer la perte de biodiversité au cours de la prochaine décennie.

La rencontre aura lieu sous la présidence de la Chine, mais nos gouvernements d’ici, à tous les niveaux, auront un rôle de premier plan. Le Canada, en plus d’accueillir la rencontre, a détaché un expert pour co-présider les négociations sur le texte principal. Le gouvernement du Québec ainsi que la Ville de Montréal, pour leur part, pilotent un sommet de villes et gouvernements infranationaux. Un forum sur les affaires aura lieu ; souhaitons que le milieu économique québécois soit au rendez-vous. Finance Montréal, pour sa part, mènera une large délégation d’acteurs en finance durable et coorganisera une journée sur la finance et la biodiversité.

En parallèle, continuons notre travail de mobilisation auprès des jeunes et du grand public. C’est ce que nous faisons en cette Journée internationale des réserves de biosphère en lançant deux expositions, l’une au Musée de la biodiversité à Bécancour et l’autre au Biophare à Sorel-Tracy.

Enfin, dans la philosophie des réserves de biosphère, encourageons tout un chacun à poursuivre la mise en œuvre de solutions locales aux enjeux mondiaux reliés à la biodiversité.

* L’auteur est également Fellow à l’Institut d’études internationales de Montréal ainsi qu’au German Marshall Fund.

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