Jamais je n’aurais pensé voir le jour où des gens disent sans se gêner qu’il faut accepter certains décès, parce « qu’on doit retourner à la normale ». Est-ce le genre de société qu’on veut ?

Alors qu’une huitième vague de COVID-19 commence, on doit mettre les précautions à jour pour protéger tout le monde, y compris les plus vulnérables, contre les maladies respiratoires.

Beaucoup voient « les vulnérables à la COVID-19 » comme un groupe abstrait et pensent que ces vulnérables « vont mourir bientôt de toute façon ».

Sauf que c’est faux. Une « comorbidité » peut être le diabète ou juste du surpoids !

Environ 40 % des adultes et plus de 70 % des aînés au Québec ont une maladie chronique⁠1, alors que 14 % de la population a un système immunitaire affaibli.

Avec le risque de COVID-19 longue et de séquelles, même une personne jeune et en santé risque gros à chaque infection.

J’ai plusieurs maladies rares et je suis devenue invalide à la suite d’une infection en 2003. Je sais ce que c’est de tomber malade et de tout perdre parce que ton corps cesse de fonctionner comme il devrait. Je ne le souhaite à personne !

Porter un masque n’est rien comparativement à la perte de ses capacités et devoir changer de carrière…

Mais peut-être êtes-vous de ceux qui croient que la majorité ne devrait pas accommoder une minorité.

Mettre les recommandations à jour

Ou peut-être que vous pensez que suivre les recommandations suffit.

Malheureusement, ces recommandations n’ont pas été mises à jour pour tenir compte du mode de transmission principal de la COVID-19. Me faire dire « on nettoie les surfaces et tout le monde se lave les mains » n’est pas rassurant, parce que ça signifie qu’on ne tient pas compte de la transmission aérienne.

Un manque de précautions contre la COVID-19 est discriminatoire parce que ça empêche les personnes vulnérables de vivre en sécurité. Présentement, le risque est si élevé que même aller chez le médecin est risqué : la Santé publique a indiqué le 12 octobre que 37 % des gens hospitalisés avec la COVID-19 l’avaient attrapée à l’hôpital !

Mais n’avons-nous pas aussi le droit d’aller magasiner ou voir un spectacle ?

Les mesures de précaution contre les maladies respiratoires aident tout le monde, des études l’ont démontré⁠2. On peut en utiliser plusieurs : le masque, le virtuel, des purificateurs d’air, etc.

Beaucoup de gens ont eu la COVID-19 sans être gravement malades, mais c’est loin d’être juste un rhume, surtout si on a un système immunitaire compromis ! Une étude récente rapporte que les gens avec une dysfonction du système immunitaire primaire ont un risque de 9 à 18 % de mourir de la COVID-19, et un risque de 49 % d’être hospitalisés. Feriez-vous une activité qui a une chance sur deux de vous envoyer à l’hôpital ?

Personne ne peut compter que sur les vaccins. Ils sont essentiels et protègent contre la maladie sévère, mais protègent peu contre une infection… alors que même une infection légère peut causer une grave détérioration de l’état de santé d’une personne vulnérable.

On doit aussi se souvenir que chez une personne immunocompromise, les vaccins ne fonctionnent pas toujours.

De plus, aucun traitement n’est à toute épreuve. Plusieurs ne peuvent pas en profiter à cause de contre-indications ou n’y ont simplement pas accès.

On a besoin de meilleures précautions et de plus d’éducation sur le fait que la COVID-19 se propage dans l’air pour que tous puissent participer dans la société de façon sécuritaire. Porter un masque ne vous empêche pas de faire vos activités (ça ne fait que vous protéger !), mais si personne n’en porte, ça oblige les personnes comme moi à choisir entre rester à la maison ou risquer la mort.

1. Consultez la page Prévalence des maladies chroniques chez les adultes canadiens 2. Lisez « COVID-19-related health outcomes in people with primary immunodeficiency : A systematic review » (en anglais) Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion