La nostalgie de la gloire passée est une bien mauvaise valeur refuge lorsqu’un parti doit se reconstruire.

Pour se projeter dans l’avenir, le Parti libéral du Québec (PLQ) a besoin de tirer des leçons du passé en regardant le présent avec humilité et lucidité. Le constat ne pourrait être plus clair : le PLQ est en rupture avec l’électorat francophone et les aspirations collectives des Québécois d’ascendance canadienne-française.

Lors du 150anniversaire de la Confédération canadienne, le PLQ s’est célébré comme étant le seul parti provincial toujours vivant depuis 1867. Une mentalité « d’insubmersible » et « d’unique alternative » s’est raffermie alors que les signaux de délabrement de sa base militante étaient pourtant déjà bien visibles. L’iceberg a frappé deux élections plutôt qu’une et le temps de l’introspection est désormais venu. Attendre l’usure du pouvoir de la CAQ ne suffira pas.

Pour retrouver un ancrage chez l’électorat francophone, le PLQ gagnerait à s’inspirer de son histoire nationaliste.

Mis sous le boisseau depuis le trauma de 1995, cet arc narratif qui prend racine avant la Confédération fournit des repères dont le parti a cruellement besoin pour se rebâtir dans cette nouvelle ère post-référendaire.

L’histoire nationaliste libérale avant la Confédération, c’est d’abord Louis-Joseph Papineau qui rallie des Irlandais (vert), des Canadiens-français, (blanc) et des Anglais (rouge) sous un drapeau tricolore pour remplacer l’arbitraire monarchique par un principe démocratique. C’est Louis-Hippolyte La Fontaine qui s’oppose à l’unilinguisme anglais de l’Acte d’Union en prononçant son premier discours en français contre l’ordre constitutionnel en place. Ce sont les rouges d’Antoine-Aimé Dorion qui sont exclus des conférences constitutionnelles et qui s’opposent à l’adoption de la Constitution de 1867 sans consultation populaire préalable, craignant la centralisation des pouvoirs à Ottawa.

L’histoire nationaliste du PLQ après l’adoption de la Constitution de 1867, c’est Honoré Mercier qui invente l’autonomie provinciale en rappelant que la fédération a été créée par les provinces et non l’inverse. C’est George-Émile Lapalme qui met les bases d’un parti politique provincial indépendant des interférences de son grand frère fédéral et qui crée le ministère de la Culture ainsi que l’Office québécois de la langue française. C’est Jean Lesage qui occupe au maximum les champs de compétence provinciaux, qui nationalise l’électricité et qui développe la voix du Québec à l’international. C’est Robert Bourassa qui fait du français la seule langue officielle du Québec et qui promeut la souveraineté culturelle de son peuple.

L’histoire nationaliste du PLQ après le rapatriement de la Constitution de 1982, c’est Claude Ryan qui, après avoir promu un fédéralisme renouvelé, s’oppose au rapatriement unilatéral de la Constitution. C’est Robert Bourassa qui essaie de réintégrer la fédération dans l’honneur et l’enthousiasme, qui obtient un siège indépendant à l’Organisation internationale de la Francophonie, qui rapatrie des pouvoirs en immigration et qui utilise la clause dérogatoire le temps de forger un nouveau compromis linguistique après un jugement défavorable à la loi 101.

L’histoire nationaliste du PLQ regorge d’épisodes où les libéraux du Québec ont dû s’ancrer fermement dans les aspirations collectives de la majorité francophone sans pour autant perdre de vue leur idéal libéral.

Ce sont des moments qui ont été source de tensions internes nécessaires pour demeurer une large coalition de francophones, d’anglophones et de Québécois issus de la diversité.

Oui, le PLQ est aussi le parti des droits et libertés fondamentaux et de l’unité canadienne. Ça, tout le monde le sait ! Le PLQ n’est-il désormais que le parti des droits et libertés fondamentaux et de l’unité canadienne ? C’est la question que plusieurs se posent.

Quel sens le parti va-t-il donner au « Q » du PLQ ? C’est ce qui permettra de déterminer si les plus de 150 ans d’histoire du PLQ ont encore un bel avenir…

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