La Semaine québécoise de réduction des déchets nous invite ces jours-ci à préserver nos ressources. « La Terre nous donne beaucoup plus que le respect que nous lui accordons », évoque-t-on.

Le mouvement aspire à une société sans gaspillage. Si vous connaissez mon parcours, vous savez que je partage cette ambition. Je concentre mes énergies à bousculer le secteur de la mode jetable (fast fashion), lequel constitue un véritable désastre socio-environnemental. Comme moi, les consommateurs tapent du pied. Les acteurs dominants du vêtement doivent maintenant emboîter le pas.

La mode est l’une des industries qui consomment le plus d’eau et de matières. L’équivalent du contenu d’un camion rempli de vêtements est brûlé ou enfoui à chaque seconde qui passe.

Ainsi, depuis plusieurs années, je m’applique à repenser les façons de faire du milieu, pour mieux réduire. Mon engagement m’a d’ailleurs valu d’être nommé Champion canadien du climat en 2021 pour la COP26. Avec mon entreprise BEDI, je propose une option locale de mode circulaire et utilitaire.

Si certains voient dans le concept de « mode durable » une aberration, j’ai la conviction que l’on peut réconcilier ces deux idées a priori opposées.

Il faut redéfinir dans l’imaginaire collectif le sens du mot « mode » et le dépouiller, une fois pour toutes, de son caractère éphémère.

Les multinationales ont un rôle à jouer dans cette transition, elles qui ont poussé à l’extrême la stratégie de renouvellement intensif des collections. En quête de profit à tout prix, elles sont coupables de vendre des textiles de faible qualité qui s’usent rapidement. Tout ça alimente le cercle vicieux de la surconsommation.

Bien sûr, se vêtir est un besoin fondamental. Or, il est possible de le faire avec style et respect. Chez BEDI, nous élevons les pratiques du surcyclage (upcycling). Notre devise est la suivante : un jour, tout ce qui était, sera de nouveau. Dans un souci de circularité des ressources, nous réutilisons des matériaux considérés comme des déchets et, grâce aux mains expertes d’artistes couturières et couturiers d’ici, nous leur donnons une valeur supérieure. Nos manteaux sont faits de filets de pêche rescapés des fonds marins. Nos sacs utilitaires sont tissés à partir de textiles récupérés d’avions ou de véhicules en fin de vie. Nos designs sont intemporels, nos collections sont longues et nos confections, 100 % produites au Québec, sont garanties à vie.

Comment encourager les grandes enseignes à s’emparer de ces idées et de bien d’autres ?

Ce sont les H&M, Zara et SHEIN de ce monde qui détiennent les pouvoirs requis pour changer globalement les modes de production et de consommation.

Elles ont la responsabilité d’innover et d’avancer en mode durable. Elles devraient, par exemple, s’engager à ce qu’aucune de leurs pièces – vendues ou invendues – ne finissent à la poubelle, en proposant des programmes de seconde vie.

Une multitude de solutions écoresponsables existent et, après tout, ces entreprises de grande distribution sont reconnues pour leur esprit imaginatif.

Je m’adresse donc à ces géants et j’en appelle à leur fibre inventive : svp, repoussez les limites de la créativité, pas celles de la planète.

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