L’actualité des derniers jours a remis l’intimidation à l’avant-plan, soit un sujet éclipsé par la pandémie depuis plus de deux ans.

Tout a débuté par les tollés sur les réseaux sociaux concernant les comportements inadéquats de certains candidats à Occupation double Martinique. Ensuite, plusieurs partenaires de l’émission ont retiré leurs commandites en guise de protestation, créant ainsi une crise majeure.

Questionné à ce sujet par Patrick Masbourian lors de l’émission Tout un matin, le nouveau ministre de l’Éducation du Québec, Bernard Drainville, a révélé, sanglots dans la voix, avoir lui-même été victime d’intimidation à l’école. Je salue le courage du ministre ; il faut faire preuve d’une grande humilité pour partager publiquement des moments traumatisants de sa vie.

Au cours de cette même entrevue, le ministre indiquait que la situation s’est améliorée dans les écoles selon lui, et si un jeune est victime d’intimidation, les intervenants scolaires se mettent à l’action. Je suis sincèrement désolé de vous décevoir, Monsieur le Ministre, mais ce n’est pas toujours le cas.

À la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais, nous recevons toujours un grand nombre de plaintes provenant de parents qui demeurent insatisfaits par les interventions faites dans certaines écoles du Québec. J’ajouterais même que parfois, rien ne semble être fait pour contrer l’intimidation. Vendredi dernier, un père de famille en pleurs m’a interpellé pour que je lui offre des conseils concernant son fils, victime d’intimidation à l’école. Un temps fou s’est écoulé avant que l’école ne retire enfin l’agresseur qui intimidait plusieurs élèves. Aujourd’hui, son fils, qui aimait l’école et obtenait une moyenne de plus de 90 %, peine à se rendre à ses classes en raison de problèmes d’anxiété. De plus, il n’a pas accès au soutien d’un psychologue ; on ne lui offre que des interventions à la pièce avec une travailleuse sociale.

La direction de l’école a même eu l’audace de dire à ce père aimant : « Votre fils devrait en revenir, il n’était pas le seul à se faire intimider et les autres n’ont pas de problèmes d’anxiété. » Comme si tous les cas d’intimidation se vivent pareillement par chaque élève et sont rapidement oubliés.

Même si, avant la pandémie, une légère amélioration était perceptible dans les milieux éducatifs, nous n’avons actuellement aucune idée de l’impact des mesures sanitaires sur les compétences prosociales des jeunes.

Plusieurs chercheurs se penchent actuellement sur le problème et certains s’inquiètent d’une montée de la violence et de l’intimidation dans les écoles, car à la base, les élèves apprennent à réguler certains comportements au sein de groupes, alors que la pandémie a coupé les jeunes d’une socialisation normale pendant deux ans.

J’espère, M. Drainville, que nous aurons la chance d’en discuter en privé, car votre sortie a créé des attentes. Il faut plus que jamais que les milieux éducatifs intègrent les apprentissages sociaux et émotionnels dans les curriculums. Au-delà de la prévention de la violence et de l’intimidation à l’école, cette approche aura de grands bénéfices sur la pandémie des problèmes de santé mentale chez nos jeunes. Je crois que vous comprenez très bien à quel point il est important de le faire.

Un dernier mot sur OD

Après la vague de dénonciations sur les réseaux sociaux, nous sommes à même de constater que le message a été entendu par la production et le diffuseur. Maintenant, j’invite les gens à s’élever au-dessus de la mêlée et à ne pas insulter les candidats et les membres de la production. Utiliser les insultes et l’intimidation pour dénoncer une situation d’intimidation va à l’encontre du but que nous voulons atteindre. Si nous n’avez pas apprécié les comportements de certains candidats, il est contreproductif d’agir de la même façon qu’eux. Nous devons aussi, en toute bienveillance, laisser la chance à ces adultes de se reprendre et de s’excuser.

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