La décision d’Ottawa de permettre aux étudiants étrangers de travailler plus de 20 h par semaine et ce, jusqu’à la fin de l’année 2023, est un changement majeur dans la vie de milliers d’étudiants dont je fais partie. Bien que plusieurs personnes demeurent sceptiques quant à la justesse d’une telle disposition, sur les réseaux sociaux, beaucoup d’étudiants internationaux ont accueilli favorablement la nouvelle.

Les personnes dubitatives face à cette mesure estiment qu’elle pourrait nuire à la diplomation et ainsi compromettre la possibilité d’avoir des travailleurs qualifiés dans les futures générations d’immigrés temporaires du Canada. Bien que cette possibilité demeure non négligeable, je crois fermement, à la lumière de ma propre expérience, qu’il est possible de travailler à plein temps et de réussir ses études à plein temps.

Ayez foi aux étudiants étrangers, ils ont confiance au Canada.

Lorsque je posais mes valises sur l’avenue Querbes à Montréal ce 13 septembre 2019, c’était avec une intention de repartir six mois plus tard dans mon pays d’origine avec un diplôme de Microprogramme en santé publique.

Cependant, quelques semaines plus tard, par la force des choses, me voici inscrit au DESS de santé mondiale avec une prise d’option d’inscription à la maîtrise en santé publique à la prochaine ouverture des admissions à l’automne 2020. Arriva alors la pandémie de COVID-19, la fermeture de l’école, les cours en ligne, et le temps qui semblait long et sempiternel. Il me vint alors une idée de solliciter une seconde admission à la maîtrise en gestion du développement international à la faculté des sciences de l’administration (FSA/ULaval) de l’Université Laval, en plus bien entendu de la maîtrise en santé publique à l’Université de Montréal (ESPUM/UdeM) en cours.

Un coup de main au système de santé

Pendant ce temps, face à la COVID-19, dans l’idée de donner un coup de main au système de santé du Québec, moi le pharmacien béninois diplômé en 2012, je fus appelé alors dans un CHSLD du CIUSSS de l’île de Montréal dans le cadre du programme « Je contribue », en tant qu’aide de service clinique, avant d’être retenu à titre d’agent de prévention et de contrôle des infections à la direction régionale de santé publique de Montréal (DRSP/Montréal). J’ai donc occupé le poste d’agent de planification, de programmation et de recherche dans la Brigade de prévention et de contrôle des infections de la DRSP/Montréal à partir du 13 juillet 2020, d’abord à temps plein, jusqu’au 31 août 2020, ensuite à temps partiel, c’est-à-dire 20 h par semaine jusqu’au 1er avril 2022.

Parallèlement, je démarrais, en septembre 2020, mes deux parcours de maîtrise. Au plus fort de mon temps d’occupation, je dormais environ 5 h par jour, j’avais 18 crédits (UEC) à valider dans les deux universités, et je m’occupais de mes deux enfants simultanément. Aujourd’hui, 106 UEC1 plus tard, à raison de 51 UEC obtenues à la FSA/ULaval et 55 UEC obtenues à l’ESPUM/UdeM, près de 70 000 $ de droits de scolarité payés, j’ai obtenu deux maîtrises au Québec avec des moyennes plus qu’honorables : 3,86 à l’ULaval et de 3,963 à l’UdeM.

Oui, il est donc possible de travailler à temps plein et de se consacrer consciencieusement à temps plein à ses études.

Pour ce qui est de la crainte de voir les étudiants étrangers abandonner les études, cela est facilement vérifiable par l’immigration canadienne d’autant plus que nombreux sont ceux qui renouvellent leur permis d’études avant la fin de leurs études, renouvellement conditionné par une justification d’avoir étudié à plein temps.

Cette mesure à coup sûr nous permettra d’accroître non seulement notre expérience de travail au Canada, mais aussi d’augmenter nos revenus pour le bien de l’économie canadienne.

Ayez donc confiance aux étudiants étrangers, ils sont fiers, ils sont conscients qu’ils doivent étudier pour se positionner dans une nouvelle société qu’ils ambitionnent d’intégrer.

1. Unité d’éducation continue communément appelée crédit.

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