Lors des commémorations du 21e anniversaire du 11 septembre 2001 à Ground Zero, à New York, le dimanche 11 septembre 2022, le New York Times a interrogé des personnes qui avaient perdu quelqu’un lors de la tragédie survenue il y a 21 ans.

Voici les pensées de la sœur d’une victime rapportées par le Times : Anthoula Katsimatides, 50 ans, actrice et administratrice du Mémorial et Musée du 11-septembre, a perdu son frère John Katsimatides, 31 ans, courtier en obligations chez Cantor Fitzgerald. « Plus le temps passe, plus il est facile pour les gens d’oublier ou de mettre la chose en veilleuse », a-t-elle déclaré. Mme Katsimatides a déclaré que l’objectif de cette commémoration annuelle était « d’enseigner aux jeunes générations » afin d’éviter une tragédie similaire à l’avenir. « Ils doivent savoir, ils doivent être éduqués », a déclaré Mme Katsimatides. « Et ensuite, ce sera à eux de prendre le flambeau et de le transmettre. »

Je veux emprunter le commentaire de Mme Katsimatides et l’utiliser pour encadrer un mémorial virtuel pour tous ces enfants qui ont vécu un 11-septembre personnel lorsque leur enfance leur a été enlevée par un abuseur, un exploiteur, un assassin d’âme. En particulier, je veux me souvenir des orphelins du Québec, appelés Orphelins de Duplessis, qui ont été abusés dans des institutions provinciales il y a des décennies et qui n’ont jamais eu de mémorial pour leur souffrance et leur perte. Ils ont même subi une ignominie supplémentaire lorsqu’ils ont été oubliés et ignorés lors du récent pèlerinage pénitentiel historique du pape François pour consoler les victimes autochtones d’abus au Canada.

J’implore donc les citoyens du Canada et leurs médias de ne jamais oublier, de toujours utiliser une tragédie telle que la maltraitance des enfants comme un moment d’enseignement pour la prochaine génération.

Car il est de notre devoir solennel de transmettre à la prochaine génération notre chagrin, notre compassion et notre résolution « plus jamais ça » (comme l’a dit le pape François à Québec le 28 juillet), de peur que nous n’oubliions.

Comme le note judicieusement Mme Katsimatides, les gens oublient après un certain temps, mais nous devons garder ce souvenir vivant — non pas pour être morbide ou mélancolique, mais pour témoigner de notre humanité et de notre héritage commun. Un message similaire nous a été légué par une autre personne récemment décédée : en 2001, la reine Élisabeth II a envoyé des mots de réconfort et de soutien pour notre deuil national, nous rappelant que « le chagrin est le prix à payer pour l’amour ».

Levons donc ce flambeau de l’amour, gardons-le allumé en mémoire et transmettons-le afin que le sort des orphelins du Québec et de tous les autres enfants maltraités au Canada et dans le monde ne soit jamais oublié. Comme le proclament les plaques d’immatriculation du Québec : « Je me souviens ».

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