L’immobilisme de gouvernance dont souffre Hockey Canada s’apparente au supplice de la goutte d’eau. Or, il existe une solution qui permettrait de satisfaire la plupart des parties. Cette solution se trouve dans les règlements généraux de l’organisation.

Pour avoir siégé à plusieurs conseils d’administration d’organisations sportives provinciales, nationales et internationales, je peux comprendre la position actuelle de Hockey Canada : les administrateurs du conseil tournent en rond, souhaitant protéger la mémoire institutionnelle de l’organisation et éviter un recul de son développement durant les prochaines années. Ironiquement, c’est justement parce qu’ils n’ont pas exercé adéquatement leurs responsabilités de fiduciaires de l’organisation pendant toutes ces années qu’ils calculent maintenant que, dans la balance des inconvénients, il serait plus dommageable de remplacer les administrateurs que de pivoter vers l’avenir avec les gens actuels. Et, doivent-ils se dire, s’ils démissionnent en bloc, c’est le développement du sport qui en souffrira. Ils ont peut-être raison, mais la solution passe indéniablement par leur démission.

Le dentifrice est sorti du tube, et on ne peut pas l’y remettre. Lorsque le premier ministre du Canada exige un nouveau conseil d’administration, l’heure est grave. De mémoire, cette demande n’est jamais venue d’aussi haut, concernant une organisation sportive canadienne. Les administrateurs doivent donc démissionner. Mais quelle est la solution pour protéger les programmes de hockey qui conservent toute leur pertinence ?

Une démission de transition, surveillée par les membres

Mais qui donc surveille les administrateurs de Hockey Canada ? Ce sont ses membres, dans un rôle semblable à celui des actionnaires dans une société commerciale. Et qui sont ces membres ? Ce sont les associations ou fédérations provinciales, régionales et territoriales, telles que Hockey Québec.

Tous les administrateurs actuels de Hockey Canada pourraient s’engager à démissionner, ce qui pourrait prendre effet dans un délai de 90 ou 150 jours.

Ceci permettrait d’éviter de créer un vide au sein du conseil et d’assurer une transition rapide. Pendant cette période, ils s’engageraient à ne poser aucun geste qui aurait une portée à long terme sur l’organisation, au-delà de la date effective de leur démission.

Ces décisions de démissionner seraient individuelles, irrévocables et par écrit. Tout litige s’y rapportant pourrait être rapidement réglé devant le Centre de règlements des différents sportifs du Canada. Pendant cette période, les membres de Hockey Canada seraient convoqués en assemblée extraordinaire : ou bien la présidente par intérim convoquerait les membres, ou bien les membres qui détiennent collectivement au moins 5 % des voix en feraient la demande. Cette assemblée devra être convoquée par le conseil d’administration dans les 21 jours de la demande.

Lors de cette réunion extraordinaire, les membres proposeraient un plan pour remplacer les administrateurs, selon les règlements généraux, par voie de résolutions consignées au procès-verbal, et rendues publiques. La date d’une seconde réunion extraordinaire serait arrêtée, pour procéder à l’élection des nouveaux administrateurs.

Or l’article 35 des règlements généraux de Hockey Canada prévoit qu’un comité de candidatures est chargé des élections des administrateurs.

Comme le président de ce comité est nommé par le président du conseil, il serait judicieux que ce soit plutôt les membres qui suggèrent au président le nom d’un.e candidat.e crédible. La présidente par intérim s’engagerait à nommer cette personne faisant l’objet de la recommandation des membres.

Finalement, une fois les nouveaux membres du conseil en place, ils entameraient un processus de sélection pour leur nouveau DG, puisque le conseil d’administration n’a qu’un seul employé, soit son directeur général.

Le hockey est notre sport national. Il est tentant de vouloir provoquer rapidement des changements à la lumière des scandales qui affectent Hockey Canada, face à l’immobilisme apparent de gouvernance. Ces changements peuvent et doivent avoir lieu. Pourtant, la meilleure manière de changer la direction et la culture d’une organisation sportive, c’est en faisant d’abord confiance à sa communauté de base, et en lui donnant les outils appropriés, qui se trouvent déjà dans les règlements généraux de l’organisation.

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