Au terme de cette campagne, il n’y a plus d’illusions : après un peu plus d’un mois, François Legault se révèle et s’assume comme un fédéraliste sans complexes.

L’étiquette de nationaliste a déteint au lavage et les espoirs qu’il revienne à ses premières allégeances devant une crise ou face à l’impasse dans laquelle nous plonge perpétuellement le Canada se sont évanouis. Pire, tous les souverainistes qu’il a additionnés à son équipe ont dû renoncer à se définir comme tels. On ne peut plus dire que la CAQ est une coalition de souverainistes et de fédéralistes à partir du moment où les premiers doivent taire leur vraie nature, leurs convictions profondes. La « Coalition » avenir Québec, comme dans certains tableaux de Magritte, n’est plus que la représentation d’un objet qui n’existe pas dans la réalité.

Tous conviennent que le chef de la CAQ n’a pas mené une bonne campagne, sans parler des propos faux et inconsidérés de son ministre de l’Immigration, qui plombe encore davantage sa dernière semaine.

Jean Boulet est tellement discrédité qu’on ne voit pas comment il pourrait être ministre dans un prochain gouvernement. Pourquoi démontrerait-il plus de jugement dans un autre ministère ? À moins, pis encore, qu’il ait dit le fond de sa pensée ?

Pendant ce temps, Paul St-Pierre Plamondon achève une excellente campagne. Et pourtant, le chef du PQ partait de loin. Après avoir répondu inlassablement, depuis plus d’un an, aux questions sur la mort éventuelle de son parti ou sur sa pertinence, PSPP a su incarner l’espoir et mener une campagne authentique et originale. Et pourtant, à cause de notre système électoral, il y a un risque, un vrai, que le Parti québécois ne soit pas représenté comme il le devrait à l’Assemblée nationale.

C’est d’ailleurs une raison de plus de voter pour le Parti québécois : la CAQ n’a pas besoin de 100 députés en Chambre, ni de prendre les clés du parlement. Notre démocratie en pâtirait, comme les travaux parlementaires, tout particulièrement ceux en commission. D’ailleurs, quand on étudie les projections de sièges, la distorsion entre le pourcentage de voix qui pourraient être obtenues et le nombre de députés espérés devient indécente.

Dans Joliette, Rosemont, Marie-Victorin, Camille-Laurin, Bonaventure, Gaspé, Matane-Matapédia, aux Îles-de-la-Madeleine et dans d’autres circonscriptions, le Parti québécois est compétitif. Il pourrait causer la surprise, si tant est qu’un véritable ralliement s’opère d’ici lundi.

Ce qui doit nous inspirer également, et peut-être en particulier nous, de la génération des baby-boomers, qui avons mené ces combats depuis la Révolution tranquille, jusqu’à l’élection de 1976 puis lors des deux référendums, c’est le fait que le flambeau a été passé à une autre génération, avec succès.

À ces jeunes nombreux, dynamiques et déterminés, nous ne pouvons offrir le désintérêt, la renonciation. Nous devons voter pour préserver l’avenir, celui du projet d’indépendance et pour nous assurer de la pérennité de notre culture.

Que resterait-il de nous si nous ne chantions plus, n’écrivions plus de romans, de poèmes, d’essais, de pièces de théâtre, de films, de séries en français ? Si nous n’en consommions plus ?

À cet égard, il vaut la peine de s’arrêter un moment sur des aspects moins connus du programme du PQ, notamment, sur le lancement d’un grand chantier, longtemps dû, pour bonifier « les aptitudes des Québécois en français écrit, en lecture et en communication ». Ce qui mènera à l’élaboration d’une stratégie nationale de lutte contre l’analphabétisme « accompagnée de l’implantation de mesures et d’incitatifs pour améliorer la qualité du français des Québécois, jeunes et adultes ». Et Paul St-Pierre Plamondon d’ajouter : « Il faut mieux écrire et mieux lire le français, mieux communiquer en français, à tous les niveaux. »

Enfin ! Un chef de parti qui ose affirmer haut et fort, à l’encontre du discours dominant, qu’une « importance accrue sera accordée à la qualité de la langue dans tous les travaux scolaires, en réservant une part obligatoire dans la note finale à l’orthographe et à la qualité de la langue écrite ». Si je cite au texte cette partie de la plateforme, c’est parce que je l’estime fondamentale. L’exigence de la qualité du français est nécessaire non seulement pour ne pas massacrer une si « belle » langue et parce qu’il faut se comprendre entre les 200 millions de francophones à travers le monde, mais aussi parce que les emplois lucratifs nécessiteront dorénavant une réelle maîtrise de celle-ci.

Par ailleurs, PSPP a compris qu’il n’y a pas de contradiction entre nationalisme et internationalisme, comme René Lévesque nous l’a démontré à l’époque. Il sait que ces deux termes sont complémentaires et que l’accession à notre indépendance serait comme un nouvel élan vers le monde, vers les autres. Il incarne cette valeur cardinale, cette approche nationaliste autant qu’internationaliste. Il prouve aussi que l’on peut être social-démocrate, c’est-à-dire interventionniste et redistributeur sur les plans économique, social et, particulièrement, en ce qui concerne l’environnement, cet enjeu planétaire existentiel, tout en défendant notre langue, notre culture, notre propre modèle de laïcité, notre mémoire et notre histoire.

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