À l’aube des élections générales québécoises, 24 des 251 promesses du gouvernement Legault concernent l’environnement. La Coalition avenir Québec (CAQ) prétend pouvoir répondre à ses engagements environnementaux, en citant notamment le Réseau express métropolitain (REM) comme solution pour atteindre sa cible de carboneutralité à l’horizon 2050. Pourtant, le REM lui-même n’est pas carboneutre.

La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) annonce en avril 2016 un ambitieux projet de réseau de transport en commun au Québec, le REM. Rappelons que ce projet de mobilité durable a d’abord un objectif de rentabilité économique puisque la Caisse doit respecter ses engagements auprès des épargnants. S’il est un succès économique, comment s’assurer que le REM soit aussi un projet « vert » ?

En 2017, la CDPQ engage la firme d’ingénierie CIMA+/Hatch, estimant que le projet pourrait éviter plus de 680 kilotonnes d’équivalents CO2 (CO2e) durant 25 ans d’exploitation, tandis que la phase de construction engendrerait 87 kilotonnes de CO2e. L’étude suppose notamment que les voitures du train n’émettront « aucun gaz à effet de serre ».

Électrique ou non, l’énergie utilisée implique pourtant des émissions des gaz à effet de serre (GES). Hydro-Québec considère le taux de 34,5 g CO2e/kWh pour déterminer l’empreinte carbone de la consommation d’énergie d’un produit, soit 15 kilotonnes de CO2e par année si les 200 voitures du REM circulent 20 heures par jour toute l’année. En ajoutant les 4563 voussoirs servant de support pour la ligne de rail du REM, le REM devient alors carboneutre en 2042, sans compensation, s’il entre en service en 2022.

L’étude officielle néglige aussi les impacts de l’extraction des matières premières, des opérations des chantiers, de la maintenance et de la démolition du projet.

Le BAPE en a fait le même constat dans son rapport, notant simplement que « le portrait dressé par le promoteur, relativement aux GES, est incomplet [et] des analyses supplémentaires devraient être effectuées afin […] de dresser un portrait clair des impacts directs et indirects, autant positifs que négatifs, en phase de construction et d’exploitation ». Le REM ne sera donc probablement pas carboneutre en 25 ans d’activité. Les 250 000 arbres promis comme compensation des émissions de GES ne seront sans doute pas suffisants. À noter qu’il faudrait environ 1 200 000 arbres pour compenser uniquement la phase de construction et le béton des voussoirs.

Le projet est historique, mais ne répond que partiellement aux objectifs du développement durable. Il va contribuer à la réduction des émissions du Québec pourvu qu’on ferme les yeux sur certains aspects. Des leçons importantes devront être apprises. Tout d’abord, une analyse environnementale peut être facilement manipulée. Ensuite, la crédibilité d’une telle analyse requiert de mandater des organismes spécialisés, transparents et indépendants. Enfin, se limiter à considérer le transport électrique ou l’électrification d’une industrie comme un projet « vert » est un raccourci trop facile.

Un autre projet d’infrastructure d’envergure qui ne passe pas les critères pour une transition écologique est le troisième lien entre Lévis et Québec. Espérons que la CAQ n’essaye pas de faire passer ce dernier pour un projet vert, et choisisse plutôt de se concentrer sur le développement des transports en commun et la mise en place d’incitations pour la mobilité active.

* Cosignataires, étudiants en développement durable : Phaidra Duchastel-Vassaramva, Simon Boisvert-Legault et Rida Zerrok

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