« C’est un homme avec qui je peux faire des affaires », a déclaré Margaret Thatcher à propos de Mikhaïl Gorbatchev. En revanche, ce n’était pas le coup de foudre entre lui et Ronald Reagan lorsqu’ils se sont rencontrés pour la première fois au sommet de Genève, en 1985.

Le président américain l’a qualifié de « communiste irréductible », tandis que Gorbatchev a riposté que Reagan, à 74 ans, n’était « pas un faucon, mais un dinosaure ». Pourtant, Reagan s’est rapidement rendu compte que Gorbatchev n’était pas comme les anciens chefs soviétiques. Tous deux comprenaient qu’une guerre nucléaire ne pouvait être gagnée.

Aujourd’hui, malgré les ombres de la guerre en Ukraine, les hommages à Mikhaïl Gorbatchev ont afflué du monde libre. Mais contrairement à Ronald Reagan, il n’a pas eu de funérailles officielles dans son pays. Comment est-ce possible pour cette figure historique ? Gorbatchev est le modernisateur à l’origine de la glasnost et de la perestroïka.

Il a fait plus pour la liberté et la paix que n’importe quel dirigeant de son époque. Ses réformes ont permis la plus grande révolution non violente de l’histoire, libérant 260 millions de personnes et rendant le monde plus sûr.

Lorsqu’on lui a demandé comment il était perçu dans sa patrie, il a dit que le jugement de l’histoire peut parfois être capricieux, mais que finalement, la Russie prendra la mesure de l’homme.

Après la chute du mur de Berlin, Gorbatchev voyait un rôle accru pour le multilatéralisme, les Nations unies et les organisations internationales. Que ce soit pour le désarmement ou l’environnement, il faut une coopération internationale, disait-il. Pour lui, l’environnement était directement lié à la sécurité et au développement. Il voyait dans la course aux ressources naturelles un enjeu majeur et une source de conflits.

En 1992, les délégués du sommet de Rio et son organisateur, le Canadien Maurice Strong, ont demandé la création d’une Croix rouge pour l’environnement sous le leadership de Gorbatchev. C’est ainsi qu’a vu le jour la Croix verte internationale avec son siège à Genève. Entre 2008 et 2017, j’ai eu la chance de me joindre à ce géant de l’histoire comme directeur exécutif de cette organisation et de son réseau partout dans le monde. C’est là que j’ai travaillé sur des enjeux comme les changements climatiques, l’accès à l’eau ou pour permettre la destruction de 70 000 tonnes d’armes chimiques. Gorbatchev voulait une perestroïka mondiale pour l’environnement. Un objectif qui ne sera pas réalisé de son vivant.

Gorbatchev a déclaré que l’avenir n’est pas prédéterminé. Il dépend à la fois des évènements et de nos actions. Le changement demande du leadership. C’est maintenant à nous de bâtir sur son héritage.

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