Je crois profondément en la démocratie.

Avouez que c’est quand même fantastique : nous avons l’opportunité de prendre une décision collective en exprimant notre préférence individuelle. Il y a encore trop de pays et d’États dans le monde qui ne peuvent pas en dire autant.

Malgré cela, il faut admettre que notre système n’est pas parfait et qu’il ne le sera probablement jamais. Ce n’est cependant pas une raison pour s’empêcher de l’améliorer.

L’une de ses grandes faiblesses est la partisanerie.

Vous connaissez le principe : le parti ayant fait élire le plus de députés forme le gouvernement, le chef devenant premier ministre, alors que les autres partis forment l’opposition, en groupes parlementaires distincts.

Tous les partis politiques existent parce que leurs fondateurs – et les membres qui s’y sont greffés – considèrent qu’ils ont une offre unique à présenter à la population, qu’ils sont différents, et évidemment meilleurs que les autres partis.

Tous les partis politiques ont le même objectif : faire élire le plus de candidates et candidats possible, afin de porter en grand nombre leur message unique à l’Assemblée nationale.

Il y a de nombreux avantages à être candidat sous la bannière d’un parti politique : une équipe, des moyens financiers, de la visibilité, l’effet d’entraînement, un chef qui prend les balles à notre place, la possibilité d’être ministre…

Une personne qui décide de s’impliquer avec un parti politique n’adhère pas nécessairement à toutes les idées, toutes les prises de position et toutes les propositions de son parti. Mais se présenter sous la bannière d’un parti, c’est faire le choix de prétendre, du moins publiquement, qu’on adhère à tout.

La conséquence de cela est que les idées des autres partis sont automatiquement mauvaises. Même si c’est une bonne idée et qu’on aurait aimé y avoir pensé avant. Puisqu’elle ne vient pas de nous, elle est mauvaise.

C’est ça, la partisanerie : rejeter ce qui ne vient pas de notre parti et défendre bec et ongles tout ce qui en provient.

Résultat : de bonnes idées ne feront que rarement leur chemin, car elles n’ont pas été pensées au bon moment par les bonnes personnes. Et de mauvaises idées vont de l’avant, pour la raison inverse.

Qui en paie le prix ? Le Québec en entier.

Heureusement, on a eu une lueur d’espoir avec l’aide médicale à mourir et le tribunal spécialisé pour les agressions sexuelles, où la partisanerie a été mise de côté.

Je crois justement qu’une partie de la solution est là : que les partis travaillent ensemble, dans un objectif commun.

Cela semble facile à dire comme ça, mais lorsque nous ne sommes pas en présence d’un sujet rassembleur, comment peut-on y arriver ?

Voici une proposition : la représentation proportionnelle.

Et oui, une réforme du mode de scrutin !

C’est une première étape vers la déconstruction d’un mécanisme partisan qui ne fait que nuire au Québec.

Il est fondamental que tous les courants de pensée soient représentés à l’Assemblée nationale et la seule façon que cela soit équitable, c’est dans la même proportion que le nombre de voix obtenues au moment de la dernière élection générale.

Notre système fait en sorte qu’en ce moment, un vote exprimé dans une circonscription X vaut plus qu’un votre exprimé pour le même parti dans une circonscription Y.

Si chaque vote comptait réellement, cela ramènerait certainement les gens vers les urnes.

Je tiens à préciser que cela n’est pas une critique envers la CAQ. Son premier mandat a été durement amputé par la pandémie et elle n’est pas responsable de décennies de procrastination des autres partis qui ont été au pouvoir avant elle.

En 2005, j’ai représenté l’Action démocratique du Québec (ADQ) devant la commission parlementaire qui se penchait sur la réforme du mode de scrutin. Nous proposions alors une représentation proportionnelle mixte en maintenant 75 circonscriptions, où des candidats se font directement élire, et 50 sièges dédiés à honorer les pourcentages de votes obtenus par chaque parti.

Ces sièges seraient comblés à partir d’une liste de candidats que chaque parti soumettrait, où l’alternance femme/homme serait obligatoire.

Illustrons cette idée avec les résultats de l’élection de 2018, qui irait comme suit:

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Résultats de l'élection de 2018 au Québec

Les chiffres ne sont pas les plus précis, car il est impossible d’évaluer la mixité, mais cela nous donne une bonne idée. On constate donc que la CAQ serait quand même au pouvoir, mais à la tête d’un gouvernement minoritaire.

Il semble qu’il soit difficile de diriger un gouvernement minoritaire. Et alors, si c’est cela qui représente le mieux la volonté des Québécois ? Les bonnes idées, peu importe de quel parti elles viennent, pourraient alors enfin faire leur chemin, sans partisanerie.

Mais qui aura le courage de sacrifier sa majorité au nom du bien commun ?

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