Pour répondre à la spirale inflationniste causée par la pandémie, les guerres et le dérèglement climatique, les partis politiques ont jugé nécessaire de mettre en œuvre des mesures pour s’adapter. Que ce soit avec des baisses d’impôt, une aide directe ou encore un allègement fiscal sur les produits de base, les partis proposent une panoplie de mesures pour aider les gens à s’adapter à une situation qui nous affecte tous.

Or, ce qui est bon pour l’économie doit également l’être pour l’environnement. C’est la raison pour laquelle la coalition Vire au vert souhaite qu’au cours de la campagne électorale, les partis fassent preuve du même empressement pour adapter le Québec aux défis de la crise climatique et de la biodiversité.

Plus de 130 milliards de dollars

Voilà le coût que le cumul des inondations, des sécheresses et des tempêtes de grande ampleur portera à l’économie canadienne au cours des 30 prochaines années en raison des changements climatiques. Les dégâts s’étendent déjà aux bâtiments, aux réseaux électriques, aux usines, aux transports, aux récoltes et aux chaînes d’approvisionnement.

Les incidents et les catastrophes naturelles au Canada ne feront que s’alourdir, d’autant plus que le Canada se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde.

Le Québec n’y échappe pas non plus. Les constats et les risques – autant en pertes de vies, en qualité de vie qu’en d’argent – sont documentés. On se souviendra des orages et des vents violents qui ont frappé le Québec le 21 mai dernier, qui ont coûté plus de 70 millions de dollars à Hydro-Québec pour réparer les dégâts et qui ont laissé des villes sans électricité pendant plus de deux semaines. D’autres ont vu leur maison inondée ou endommagée par un arbre. Les effets de la sécheresse, de la grêle et des inondations se répercutent également sur le coût de notre panier d’épicerie.

Des élections québécoises cruciales, une décennie clé

Cette décennie doit être celle de l’action pour le climat et la biodiversité. Le prochain mandat du gouvernement québécois sera déterminant en termes d’atteinte des objectifs climatiques et de biodiversité. C’est pour cette raison que le prochain gouvernement doit mettre en place les politiques, les stratégies et les réglementations qui sont à la hauteur du défi. Nous sommes dans une année électorale : les partis doivent présenter aux électeurs et électrices leur plan pour répondre à cette crise.

La pandémie nous a démontré que les gouvernements savent se mobiliser devant l’urgence. La crise climatique nécessite une action gouvernementale de la même ampleur.

L’environnement ne peut plus être traité comme un enjeu parallèle : il est transversal aux enjeux économiques, sociétaux, de santé et d’éducation. Les partis s’empressent de répondre à la crise de l’inflation à court terme, mais comment répondent-ils à la crise écologique, des ressources et de la biodiversité ?

Les solutions sont interreliées

Devant cette crise aux lourdes conséquences sur la santé, l’économie, l’agriculture et nos infrastructures, le Québec manque de préparation. En effet, la Stratégie gouvernementale d’adaptation aux changements climatiques 2013-2020 est échue depuis 2020. Le Plan pour une économie verte et l’actuelle Stratégie d’adaptation aux changements climatiques font fi des inégalités au sein de notre société tandis que les efforts d’adaptation devraient être concentrés sur les populations vulnérables.

Prétendre qu’il est possible de concilier l’approche économique traditionnelle avec les défis environnementaux est déconnecté de la réalité. On a déjà atteint la limite de la carte de crédit « Climat et Biodiversité » pour 2022. En effet, nous grignotons déjà pour le restant de l’année le capital naturel de la planète : le jour du dépassement planétaire s’est produit cette année en juillet. Quant au Québec qui consomme beaucoup plus que la moyenne planétaire par personne, le jour du dépassement y a été atteint bien avant juillet.

Autrement dit, il est de la responsabilité des partis de présenter des solutions concrètes en matière d’environnement pendant la campagne électorale et de les tenir une fois élus. Ils doivent les mettre en œuvre rapidement et concrètement pour réduire drastiquement les émissions tel que l’exige la science et pour adapter le Québec afin d’atténuer les conséquences des changements climatiques, de plus en plus présentes dans la vie des Québécois.

* Cosignataires, partenaires de la coalition Vire au vert : Véronique Fournier, directrice générale, Centre d’écologie urbaine de Montréal ; André Bélanger, directeur général, Fondation Rivières ; Rébecca Pétrin, directrice générale, Eau Secours ; André-Yanne Parent, directrice générale, Réalité climatique Canada ; Karel Ménard, directeur général, Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets ; Thibault Rehn, coordinateur de Vigilance OGM ; Martin Vaillancourt, directeur général, Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ) ; Patricia Clermont, coordonnatrice de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) ; Anne-Céline Guyon, chargée de projet experte climat, Nature Québec ; Jean-François Rheault, président-directeur général, Vélo Québec ; Alain Branchaud, directeur général, SNAP Québec ; Gabrielle Spenard-Bernier, coordonnatrice, Mères au front ; Christian Savard, directeur général, Vivre en Ville

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