Nous sommes en campagne électorale et moi, je me balade dans le Bas-Saint-Laurent. Les gens me parlent, un peu de la campagne, beaucoup du temps qu’il fait, de leurs rêves, de leurs enfants. Ce premier texte s’inspire d’elles et eux. Mais aussi d’une soirée vécue vendredi dernier à Rimouski, avec au moins 150 personnes venues entendre Gabriel Nadeau-Dubois.

J’avais décidé d’aller humer l’ère que propose Québec solidaire (QS), je voulais me faire une idée par moi-même. J’ai été gâtée ! J’ai retrouvé ce plaisir sans pareil de vibrer avec les gens à une parole porteuse d’espoir. J’ai entendu leurs nombreuses questions et les réponses claires et pédagogiques du co-porte-parole national.

J’en ai vécu, des assemblées citoyennes, tout au long de mes engagements féministes et politiques ! Je connais la difficulté de répondre à de vraies questions. Vous dites quoi à une jeune fille de 15 ans horrifiée par les féminicides qui s’additionnent, au Québec ? Gabriel a parlé des nombreuses inégalités qui affligent encore les femmes. On sentait non seulement de la sincérité, mais aussi une connaissance fine de la question.

Cette assemblée porte en elle le meilleur du Québec : la capacité de dialoguer, de débattre sans s’engueuler. Une jeune femme a lu un court texte dénonçant le fait que QS ne se positionne pas pour la décroissance. Avec calme et gentillesse, le porte-parole de QS lui a répondu que ce débat était parfaitement légitime et que les membres de QS s’étaient prononcés démocratiquement dans un autre sens. Et la soirée a continué. Détendue.

Grands dieux, se pourrait-il que les fatigants, les agressifs, les harceleurs, bien que profondément dérangeants, soient une minorité dont nous parlons trop ?

Évidemment, on doit collectivement dénoncer les propos et comportements haineux et exiger que les corps policiers protègent les personnalités publiques menacées. Mais rappelons-nous ceci : les Québécois veulent vivre majoritairement une campagne paisible, s’informer, discuter et finalement voter.

Je crois cette élection cruciale. Pourquoi ? Parce que les défis posés à la société québécoise sont énormes. Je pense, évidemment, à l’inflation, aux inégalités croissantes, à la crise du logement, au pourrissement des problèmes dans la santé, les services sociaux, l’éducation. Je songe à l’étalement urbain et au dézonage des terres agricoles. À la culture qui en a mangé toute une durant la pandémie. À la pénurie de main-d’œuvre dont on me parle partout où je vais.

Devant ces défis majeurs, des visions opposées s’entrechoquent. Bien sûr, on pourra mettre toutes les nuances qui s’imposent. Mais sur le fond, on doit se demander ce qui doit l’emporter : le sens du bien commun, de l’égalité sociale et économique, de la lutte contre les injustices ou bien un gros « patchage » de solutions bidon à des problèmes qui assaillent les gens tous les jours.

Par exemple, on fait quoi devant un système d’éducation de plus en plus inégalitaire ? On réagit comment face au racisme, à la discrimination ? Au déclin de la langue française qui doit pourtant constituer notre ciment social ?

Est-ce qu’on s’inquiète d’un retour aux années 1970 alors que les jeunes mères cherchaient désespérément une place en garderie pour pouvoir travailler ? Finalement, qu’a-t-on à dire aux jeunes Québécois terriblement inquiets de la survie de notre planète ?

De retour de Rimouski, j’ai pris connaissance du plan d’action de Québec solidaire face aux changements climatiques. Au moment où j’écris ces lignes, les adversaires politiques de QS n’ont pas encore réagi mais je puis imaginer ce qu’ils vont dire, car ils sont tellement prévisibles : un pelletage de nuages, trop ambitieux en trop peu de temps, etc.

OK mais eux, ils proposent quoi face au désastre annoncé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ? Face aux malheurs qui ont marqué l’été 2022, inondations terribles, sécheresses accablantes, incendies majeurs dans plusieurs pays ? C’est vrai, le Québec a été plutôt épargné cette fois-ci. Mais nous ne vivons pas sous un globe de verre.

Nous savons que l’érosion des berges gagne déjà plusieurs régions du Québec. Nous ne pouvons plus ignorer la perte de biodiversité en territoire québécois. Des scientifiques prédisent que nous pourrions manquer d’eau. Au Québec !!!

Alors, on fait quoi ? On repousse l’échéance, on se dit que ce sujet n’est pas électoralement rentable et on met de l’avant des mesurettes pour se donner bonne conscience ? Ou bien on a le courage politique de clamer que la lutte contre les changements climatiques est une priorité. C’est ce que fait QS avec, ma foi, pas mal de propositions tout à fait crédibles. Je pense même qu’elles sont extraordinairement réalistes.

Il faudrait juste un peu de courage politique pour les mettre en œuvre. Lisez ce plan. Oui, il est engageant pour la société québécoise. Mais on en a vu d’autres, n’est-ce pas ? Notre lutte pour la survie et le développement d’une nation n’a-t-elle pas demandé un engagement collectif de tous les instants ?

Le temps est venu de nous battre ensemble pour pouvoir regarder nos petits-enfants dans les yeux et leur dire : « On a tout fait pour que vous puissiez vivre une vie normale sur une planète normale. »

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