« C’est normal qu’il y ait plus d’hommes élus, les femmes ne s’intéressent pas à la politique. »

« C’est dur de recruter des femmes pour être candidates, elles sont plus difficiles à convaincre que les hommes. »

« Les partis recrutent des femmes comme candidates juste pour bien paraître. »

Vous avez sûrement entendu ces paroles récemment. Je vous invite à prendre quelques instants et à relire ces phrases. Avouez qu’il y a matière à réflexion.

On aurait cru que les choses se feraient naturellement. Qu’en obtenant le droit de vote en 1940, les femmes du Québec prendraient de plus en plus leur place dans les différentes sphères publiques pour en arriver à y être autant représentées que dans la société.

Eh bien non, 82 ans plus tard, la parité est toujours un sujet d’actualité, car elle n’a malheureusement pas encore été atteinte. Nous sommes sur la bonne voie – il semble qu’il n’y a jamais eu autant de femmes candidates que lors de cette élection –, mais rien n’est acquis. Dans le passé, on a vu des avancées et des reculs considérables de la place des femmes en politique. Les élections où j’ai été élue, en 2007, comptent parmi ces reculs.

Bref, il est temps que les femmes participent de façon permanente aux vraies décisions, et non plus occasionnellement.

On parle rarement de la parité en campagne électorale. Il faut avouer que ce n’est pas un sujet sexy à aborder. Il n’y a pas de ministère de la Parité et il n’y a jamais de promesse électorale d’investir massivement dans la parité.

La seule occasion où ce sujet est soulevé pendant une campagne, c’est pour analyser la proportion de femmes candidates de chaque parti politique. Après tout, en 2022, il serait impensable qu’un parti ne présente pas autant de femmes que d’hommes (et pourtant…).

Cette parité est importante, cruciale même. C’est la base même de la démocratie.

Dans la liste des gestes à faire pour assurer la digne représentation des femmes, le nombre de candidatures féminines n’est qu’un des points à cocher. Il y en a beaucoup d’autres.

Mais pourquoi est-ce important qu’il y ait autant de femmes que d’hommes en politique ?

Les femmes constituent la moitié de la population (un peu plus même). Il est tout simplement normal qu’elles soient présentes dans la même proportion pour contribuer à prendre des décisions qui ont une incidence sur toute la société.

Prenons la situation autrement. Imaginez une famille québécoise, en 2022, composée d’un père, d’une mère et de deux enfants. Trouveriez-vous normal que seul le père prenne toutes les décisions concernant la famille : la santé, l’éducation, l’économie, le logement, les transports et j’en passe ? Sûrement pas.

Alors pourquoi accepterait-on, en 2022, que les femmes soient encore sous-représentées et pourquoi déciderait-on passivement de ne faire que les gestes minimaux pour corriger la situation ? Cela n’a pas beaucoup de sens à mes yeux et surtout, ce n’est pas très démocratique.

Il est plus que temps d’adopter une loi exigeant que les partis politiques présentent autant de femmes que d’hommes lors d’élections générales. Plusieurs aspects seraient à établir, évidemment, mais sans loi, il faudra s’en remettre à la bonne volonté des partis politiques, ce qui ne nous met pas à l’abri d’autres reculs dans le futur…

Lors de l’évènement En marche vers la parité, organisé par le Groupe Femmes, Politique et Démocratie, en avril dernier, des quatre partis présents, seule la Coalition avenir Québec n’a pas voulu s’engager fermement à adopter une loi sur la parité lors de la prochaine législature. Le Parti québécois, le Parti libéral du Québec ainsi que Québec solidaire n’ont pas hésité. Le Parti conservateur du Québec n’avait envoyé aucun représentant.

Je serais agréablement surprise que tous les partis prennent cet engagement dans les prochaines semaines. C’est une promesse qui devra être tenue !

Cependant, l’atteinte de la parité en politique, ce n’est pas simplement d’avoir autant de candidatures féminines que masculines. Il faut s’assurer que ces candidatures aboutiront à un nombre suffisant d’élues. Autrement dit, les circonscriptions « prenables » doivent être réservées à des femmes.

Mais il faut aller encore plus loin que cela. Les femmes doivent être aux premières loges, avoir un espace pour s’exprimer, à tous les niveaux, au même titre que les hommes : dans les comités de campagne, dans l’équipe stratégique et dans la garde rapprochée notamment.

Elles doivent avoir des responsabilités, être des porte-parole d’annonces importantes et prendre part aux décisions et aux orientations.

Elles doivent être partout, comme dans la société.

C’est tout simplement normal, et c’est la seule façon pour réellement en finir un jour avec la parité.

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