La campagne électorale sera lancée demain. Le sujet de l’accessibilité aux services en santé mentale et aux psychologues sera-t-il au cœur des enjeux électoraux ?

Rappelons que la prévalence de plusieurs troubles de santé mentale, le nombre de tentatives de suicide chez les jeunes ainsi que l’utilisation d’antidépresseurs, même chez les enfants, ont grandement augmenté dans les dernières années.

Les problèmes de santé mentale, bien qu’invisibles, ont des effets dévastateurs sur les individus qui en souffrent, sur leur entourage et sur la société en général.

Pensons aux parents qui, bien malgré eux, ne parviennent plus à s’occuper de leurs enfants convenablement ou qui déchargent leur mal de vivre ou leur colère sur leurs petites épaules.

Pensons aux parents qui n’arrivent pas à obtenir de l’aide psychologique pour leur enfant qui refuse d’aller à l’école en raison d’attaques de paniques récurrentes. Certains doivent appeler la DPJ faute d’accès aux psychologues. D’ailleurs, les centres jeunesse débordent au point que certains jeunes ont dû séjourner en CHSLD par manque de place. Pendant ce temps, tristement, le nombre de psychologues travaillant pour la DPJ fond comme neige au soleil.

Pensons aux arrêts de travail qui diminuent la productivité des entreprises, alors que la pénurie de main-d’œuvre est criante. N’est-il pas essentiel d’avoir des travailleuses et travailleurs en bonne santé psychologique afin de favoriser l’économie ?

Pensons aux effets sur le temps d’attente aux urgences : faute de services adéquats, des gens souffrant de problèmes de santé mentale se présentent aux urgences, même s’ils savent qu’il ne s’agit pas de l’endroit idéal pour recevoir les soins dont ils ont besoin. Étant donné la complexité des problèmes de santé mentale, une visite à l’urgence pour de tels problèmes dure, en moyenne, environ quatre heures de plus qu’une visite pour d’autres raisons.

Que dire des nombreux élèves qui ont des difficultés scolaires importantes, mais qui ne parviennent pas à être évalués pour identifier les raisons sous-jacentes de leurs échecs répétés ? Échecs qui minent trop souvent leur estime de soi et peuvent les conduire vers le décrochage.

Comment arriver à leur donner l’aide nécessaire quand il y a seulement un psychologue pour 2750 élèves dans les écoles de Montréal et que l’attente est de six à 24 mois pour voir un psychologue dans le réseau de la santé ?

Merci à tous ceux qui prendront des engagements électoraux visant à assurer rapidement une meilleure accessibilité aux psychologues dans notre réseau public, des services gratuits et intégrés dans les équipes de soins ainsi que les équipes-écoles. Sans attention particulière, cette profession se dirige tout droit vers une extinction complète au sein de notre réseau.

Concrètement, cela voudrait dire que des gens qui ont besoin d’évaluation et de services psychologiques n’y auraient pas accès et risqueraient de voir leurs problèmes se complexifier. Comme un enfant qui est hospitalisé à la suite d’une tentative de suicide ou d’un accident de voiture et qui n’arrive plus à dormir ni à faire le nécessaire pour se rétablir, malgré le soutien de plusieurs autres professionnels. Ou bien un jeune qui vit une escalade tant sur le plan des substances qu’il consomme que des actes de délinquance qu’il commet en raison de traumas complexes.

À défaut d’accès à des services psychologiques, la racine de leurs maux ne sera pas traitée et leurs difficultés risquent de grandir.

Peut-on se permettre d’avoir des centres jeunesse, des écoles, des hôpitaux, des CLSC et des centres de réadaptation dégarnis de psychologues dans la province où le ratio de psychologues par habitant est le plus élevé en Amérique du Nord ? Je joins ma voix à celle de plus de 7000 Québécois qui ont signé notre pétition demandant d’améliorer rapidement l’accès aux psychologues dans le réseau public et je réponds, sans hésiter : « non, nous ne pouvons pas nous le permettre ».

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