À environ deux mois des élections de mi-mandat aux États-Unis, l’ancien président Donald Trump est toujours aussi présent sur les scènes politique et médiatique. Il domine l’actualité américaine en raison de plusieurs sujets, comme les nombreuses enquêtes en cours, les controverses avec ses opposants politiques, sa domination sur le Parti républicain et la possibilité d’une nouvelle candidature à la présidence en 2024.

La récente perquisition par le FBI à sa résidence personnelle de Mar-a-Lago, où de nombreux documents jugés hautement confidentiels, voire « top secret », furent récupérés, laisse entendre que les démêlés de l’ancien président avec la justice américaine sont loin d’être terminés.

L’enquête sur les évènements du 6 janvier 2021 par le Comité spécial du Congrès fait aussi couler beaucoup d’encre sur le comportement de Donald Trump et sur sa volonté de s’accrocher au pouvoir, malgré les dispositions de la Constitution américaine. Un récent sondage du Wall Street Journal indique d’ailleurs que près de 60 % de la population américaine souhaite que l’enquête se poursuive, rien de bien rassurant pour M. Trump.

Malgré tout, ce dernier continue de s’imposer au sein de sa formation politique, alors que la saison des primaires qui permettra de désigner les candidats qui seront en lice pour les élections de mi-mandat en novembre bat son plein.

Tout récemment, la représentante républicaine Liz Cheney, farouche opposante de Trump au Comité spécial du Congrès, fut défaite par une candidate bénéficiant d’un fort appui du 45e président. Certains observateurs estiment que 85 % des candidatures appuyées par Trump seront en lice pour représenter le Parti républicain aux prochaines élections.

Bref, Donald Trump bénéficie toujours d’un solide ancrage dans l’échiquier politique américain. À court terme, sa disparition de la scène politique apparaît impensable.

Au-delà de Trump

Force est de reconnaître que les controverses et les succès de Donald Trump représentent un couteau à deux tranchants. Certes, il domine dans les médias, mais il suscite de plus en plus d’inconfort parmi certains influenceurs républicains, dont certains sont issus de sa base directe.

Déjà, plusieurs observateurs commencent à conjecturer sur une liste de candidatures potentielles pour représenter le Parti républicain à l’élection présidentielle de 2024. Celle-ci inclut son ancien vice-président, Mike Pence, le gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, et l’ancienne ambassadrice à l’ONU Nikki Haley. On aurait donc tort de penser que Trump ne rencontrera pas d’obstacles, même si le culte de la personnalité autour de lui pourrait laisser penser que la voie est déjà tracée. Il reste cependant que Trump est à la base d’un mouvement politique anticonformiste plus large, le trumpisme.

Ce courant se définit en grande partie par la personnalité et le discours de Donald Trump. Mais il est aussi basé sur une vision et une pensée d’une Amérique qui se définit par les slogans « Make America Great Again » et « America First », qui se traduisent par un appel au populisme de la droite conservatrice.

Sur le plan international, cette approche envoie toutefois plutôt un message signifiant « America Alone » (l’Amérique seule), alors qu’elle fait place à une méfiance du multilatéralisme et à la priorisation des intérêts propres aux États-Unis.

De plus, le trumpisme remet en cause la légitimité de l’élection de l’actuel président, Joe Biden, qui a eu lieu en novembre 2020. Selon Trump et ses militants, cette élection fut volée. Cette obsession est la pierre angulaire de l’insurrection du 6 janvier 2021.

Si Trump ne se représente pas en 2024, est-ce que le trumpisme deviendra une cause du passé ? C’est loin d’être évident. Sans doute, les prétendants à sa succession n’auront pas le luxe de s’opposer ouvertement à lui ou d’ignorer son influence auprès des électeurs républicains.

Le trumpisme sans Trump ?

Historiquement, les élections de mi-mandat qui suivent l’élection d’un nouveau président se terminent par des pertes pour le parti de l’occupant de la Maison-Blanche. Avec l’impopularité du président Joe Biden (ses taux d’approbation avoisinent 40 %), notamment due au plus haut taux d’inflation depuis 40 ans, beaucoup d’observateurs voient la possibilité que les démocrates puissent perdre le contrôle des deux chambres en novembre.

Par ailleurs, les succès de Trump en faveur des candidats qu’il appuie durant les primaires occasionnent diverses réactions.

Certains sondages indiquent que le Sénat pourrait rester sous la gouverne des démocrates à cause de la faiblesse de certaines candidatures républicaines.

Les courses en Géorgie, en Pennsylvanie, en Ohio et en Arizona sont notamment à suivre.

Donald Trump hésite à annoncer ses intentions pour la présidentielle de 2024 avant les élections de mi-mandat. Avec les enquêtes en cours à son sujet et une contre-performance des candidats qu’il a appuyés, les élections du mois de novembre pourraient bien marquer le début de son déclin, mais pas nécessairement de celui du trumpisme.

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