Il m’a fallu prendre quelques semaines de recul avant de pouvoir mettre des mots sur le sentiment d’infinie tristesse qui m’habite depuis l’annonce de la mort de Vadim. La rentrée scolaire qu’il ne fera pas m’a décidée à le faire, comme un message lancé pour libérer la peine et susciter l’écoute attentive.

Vadim était un calme jeune homme, membre d’un groupe d’une dizaine de garçons soudés par des années passées ensemble au secondaire, et dont mon cadet fait partie. Ni la COVID-19 ni la dispersion du groupe dans différents collèges n’ont altéré cette amitié. Elle s’exprimait simplement différemment et était tenue un peu à distance compte tenu des restrictions et consignes. Les garçons se côtoyaient virtuellement et se voyaient en petit groupe, selon ce qui était permis. Cette distance imposée et difficile à vivre à une époque charnière de leur vie aura fait bien des dommages.

C’est virtuellement que nous avons appris que Vadim avait renoncé à la vie que sa maman lui avait donnée. Un choix sans appel. Un choix qui m’a profondément ébranlée dans mes convictions puisque mon travail consiste à sauver la vie ou à donner du temps à des jeunes du même âge qui sont atteints de cancers hématologiques et qui ne veulent pas mourir.

Difficile à accepter

Une décision difficile à accepter et qui a plongé mon fils et son groupe d’amis dans le monde bien réel de ceux qui restent derrière avec leur peine, leur effroi, leurs questions, leurs doutes et leur culpabilité. Un véritable tremblement de terre dans la vie de ces garçons devenus adultes et qui ont côtoyé Vadim et l’ont aimé.

Alors pour la maman et la petite sœur de Vadim dont le chagrin abyssal m’a bouleversée et qui ne liront probablement pas ces mots, et pour toutes ces mamans et ces papas qui auront vu leur enfant choisir de mettre fin à sa vie, je tiens à souligner au crayon gras que cette vie terminée abruptement aura été importante et aura profondément marquée le parcours de ceux qu’il côtoyait en leur permettant de réaliser la finalité de la vie, la fragilité de l’être humain, les signes cachés de la détresse et l’importance de l’amitié sincère.

Mon fils m’a confié qu’il pense à Vadim tous les jours. Moi aussi. Celui-ci lui manque et bien qu’il ne s’explique ni ne comprend le geste, il demeure attaché au calme jeune homme qu’il a été, et cette amitié n’aura pas de fin.

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