L’inflation a baissé un peu au Canada, mais elle demeure beaucoup trop élevée. Après une hausse rapide qui l’a fait culminer à 8,1 % en juin, l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) se situait à 7,6 % en juillet.

La bonne nouvelle, c’est qu’il semble que l’inflation ait déjà atteint son niveau le plus élevé. Le prix de l’essence, responsable d’environ un cinquième de l’inflation globale au cours des derniers mois, est passé de 2,07 $ le litre en moyenne en juin à 1,88 $ en juillet, et nous savons que les prix à la pompe ont continué à baisser en août. Les prix de certains produits agricoles clés, comme le blé, ont aussi diminué, de même que les coûts d’expédition à l’échelle mondiale, qui étaient particulièrement élevés jusqu’à tout récemment. Si la tendance se maintient, l’inflation continuera à reculer.

La mauvaise nouvelle, c’est que l’inflation demeurera sans doute trop forte pendant encore un certain temps. Bon nombre des facteurs mondiaux qui ont fait bondir l’inflation ne disparaîtront pas du jour au lendemain.

En effet, les perturbations des chaînes d’approvisionnement se poursuivent, les tensions géopolitiques sont vives et les prix des matières premières demeurent volatils. Et ici, chez nous, l’économie surchauffe depuis quelque temps. Maintenant que les Canadiens peuvent finalement profiter de la réouverture complète de l’économie, il n’y a pas assez de biens et de services pour répondre à la demande. Les entreprises peinent à garder le rythme, et cela entraîne des retards et des prix plus élevés. Le résultat est une inflation généralisée. Même si l’inflation a ralenti légèrement en juillet, plus de la moitié des biens et services qui composent l’IPC affichent une hausse supérieure à 5 %.

En tant que banque centrale, c’est notre travail de contrôler l’inflation, et cela veut dire que nous devons calmer le jeu. C’est pourquoi nous augmentons les taux d’intérêt depuis mars. En juillet, nous avons pris l’initiative inhabituelle d’accroître notre taux directeur d’un point de pourcentage, ce qui le porte à 2,5 %. Le relèvement de notre taux directeur fait croître les coûts d’emprunt dans tous les secteurs de notre économie, que ce soit pour les prêts personnels, les prêts automobiles ou les prêts hypothécaires. Et, lorsque les coûts d’emprunt montent, les consommateurs ont tendance à emprunter et à dépenser moins – et à économiser davantage. Nous devons modérer les dépenses pour permettre à l’offre de rattraper la demande, ce qui freinera l’inflation.

Le marché du logement est un bon exemple pour illustrer la situation. La hausse des frais hypothécaires a calmé rapidement l’activité sur le marché du logement par rapport à la croissance insoutenable observée durant la pandémie, et les prix des logements ont commencé à baisser. Lorsque l’activité sur le marché du logement ralentit, les dépenses en biens et services connexes, comme les rénovations, les appareils électroménagers et le mobilier, ont tendance à ralentir elles aussi.

Pour maîtriser l’inflation, nous devons mieux équilibrer l’offre et la demande globale au sein de l’économie. Notre objectif est de freiner l’économie suffisamment pour ramener l’inflation à la cible de 2 %.

Nous ne voulons pas étouffer la demande, nous voulons plutôt ralentir sa croissance. C’est ce que nous appelons un atterrissage en douceur. En relevant vigoureusement les taux d’intérêt maintenant, nous tentons d’éviter des hausses encore plus élevées et un ralentissement de la croissance encore plus marqué dans le futur.

Je sais qu’une partie des Canadiens se demande pourquoi nous augmentons les coûts d’emprunt alors que tout coûte déjà trop cher.

Nous savons que des taux d’intérêt plus élevés s’ajouteront aux difficultés causées par une forte inflation que vivent déjà de nombreux Canadiens. Cependant, c’est en faisant monter les coûts d’emprunt à court terme que nous pourrons faire baisser l’inflation à long terme, ce qui sera mieux pour tout le monde en fin de compte. Une inflation élevée nous met tous des bâtons dans les roues. Elle érode notre pouvoir d’achat et complique nos décisions en matière de dépense et d’épargne. Ça semble injuste, et ça nuit à la confiance dans notre économie.

La meilleure façon de se protéger d’une trop forte inflation est de l’éliminer. C’est notre travail, et nous sommes résolus à le faire. Les chiffres de mardi sont encourageants, mais il faudra encore un certain temps avant que l’inflation ne revienne à la normale. Nous savons que nous avons encore du pain sur la planche. Nous n’abandonnerons pas avant d’avoir ramené l’inflation à la cible de 2 %.

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