La pénurie de personnel au Québec touche tous les secteurs d’emplois. Mais il est, selon moi, deux domaines où la difficulté à trouver des employés peut entraîner des conséquences graves : la santé et l’éducation. C’est sur ce dernier secteur que je me pencherai, y ayant œuvré pendant 25 ans.

On voit en effet depuis quelque temps de nombreuses publications dans les médias faisant état du manque d’enseignants (et autre personnel) dans les écoles. Je lis tous ces articles ainsi que les commentaires de la population sur le sujet. Je trouve malheureux que, souvent, les gens disent que la pénurie est partout, alors pourquoi celle-ci serait-elle plus grave ?

Il me semble que la différence est évidente. D’abord, la pénurie en éducation résulte des conditions de travail. Moins de jeunes s’inscrivent en enseignement à l’université, et de plus en plus d’enseignants expérimentés quittent la profession après 5, 10 ans, voire plus. C’est le signe évident qu’il existe un problème grave au sein de nos écoles. S’il touche le personnel, c’est qu’il touche aussi les enfants. Ces derniers n’étant pas en mesure de nommer et d’expliquer ce qui ne va pas, il devient difficile de savoir ce qui se passe. Les écoles sont des endroits fermés. Le public ne peut y entrer, il faut donc se fier au personnel.

Ensuite, il faut mesurer sérieusement les conséquences de cette pénurie. C’est une chose d’avoir à patienter en file plus longtemps à la banque ou à l’épicerie par manque de caisses ouvertes, et c’en est une autre de savoir que des enfants qui commencent leur parcours scolaire avec joie et/ou anxiété risquent de ne pas avoir d’enseignant à la rentrée pour les accompagner dans ce grand projet.

L’école, c’est le projet d’une vie. C’est ce qui permet à un jeune d’accéder au métier de ses rêves.

De plus, soyons logiques : si on veut des mécaniciens, des infirmières, des avocats et des comptables à long terme, ça commence aujourd’hui. Sinon, nous risquons d’être coincés dans un cercle vicieux. Tout commence à l’école. Pour avoir des travailleurs demain, il faut tout mettre dans notre système d’éducation aujourd’hui.

En résumé, il faut se pencher sérieusement sur les raisons qui poussent les enseignants à quitter leur profession.

Pour accepter de voir son salaire coupé de moitié, de devoir déménager dans une plus petite propriété, d’attendre à 65 ans au lieu de 55 ans pour toucher la pension de retraite et de perdre les « deux mois de vacances », il faut que ce soit sérieux. Je le sais très bien puisque j’ai moi-même quitté mon poste après 25 ans.

Je crois donc qu’il faut s’arrêter et faire une demande sérieuse à notre gouvernement. L’éducation doit être la priorité au Québec. Pour vrai. Arrêtons de nous cacher la tête dans le sable. Oui, le défi est grand. Il faut repenser l’école dans son ensemble. On l’a oubliée pendant trop longtemps. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Montrons au reste du monde ce que sont les Québécois. Des gens qui ne craignent pas de se lever tous ensemble pour assurer leur avenir.

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