Radio-Canada rapportait le 27 juillet dernier que le nombre de patients qui ne requièrent pas de soins dans les hôpitaux a monté en flèche. Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux, ce sont 13 % des patients hospitalisés qui n’ont plus besoin de soins en centre hospitalier. Et de ce nombre, près de la moitié attendent une place en hébergement.

Ce qu’il faut savoir, c’est que le personnel médical a l’obligation de suivre le patient hospitalisé jusqu’à ce que son état de santé se soit stabilisé. Beaucoup d’évènements peuvent se produire si des précautions ne sont pas prises, ce qui pourrait mener à une réadmission.

Une réadmission, comme le mot l’indique, est une deuxième admission à l’hôpital, souvent dans les 30 jours suivant une sortie. Les réadmissions d’urgence à l’hôpital font partie des aléas que rencontre le personnel hospitalier, et elles peuvent avoir différentes causes, tels que des effets secondaires liés à la prise de médicaments, des complications à la suite d’interventions, des infections ou des maladies exacerbées.

Selon les données de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) de 2020, 1 Canadien sur 11 est réadmis à l’hôpital un mois après sa sortie. Parmi les provinces, le Québec s’en tire relativement bien avec 8,9 % des patients réadmis d’urgence dans les 30 jours suivant la sortie. Or, l’ICIS évalue que les réadmissions à l’hôpital coûtent plus de 2,3 milliards de dollars par année au Canada.

Conséquemment, réduire les réadmissions non nécessaires est devenu un objectif que de nombreux pays tentent de réaliser puisqu’il y a un potentiel d’améliorer la qualité et de réduire les coûts.

Toutefois, la pénurie de personnel, le nombre de lits fermés et le manque de place en hébergement créent un goulot d’étranglement bloquant le flot des patients du centre hospitalier vers des partenaires de soins et la communauté.

D’ailleurs, dans un texte du Health Affairs, les auteurs notent que la disponibilité des soins après la sortie de l’hôpital influence les taux de réadmission après hospitalisation, et que les patients sans accès à un suivi médical à l’externe sont plus susceptibles d'être réadmis à l’hôpital. Dans l’étude, les hôpitaux situés dans des secteurs où il y a une plus grande disponibilité de médecins de famille, de lits de soins de longue durée et d’accès aux soins palliatifs avaient un taux de réadmission plus bas.

De plus, des chercheurs rapportent dans un article du British Medical Journal que les hôpitaux performants ont proportionnellement moins de réadmissions dans les 30 jours après la sortie, et ce, sans pour autant qu’il y ait des différences au niveau des diagnostics et des périodes de réadmission. Or, puisque 30 % des réadmissions sont potentiellement évitables, cela suppose que des stratégies globales pourraient aider à réduire les réadmissions.

Comité de vigie

Face au manque de soins et de ressources en santé, de nombreux citoyens ont décidé de former des comités de vigie dans leur région. Ces comités regroupent les forces vives des municipalités pour faire la promotion d’une gouvernance locale dans les établissements de santé.

Ce n’est pas d’hier qu’on recommande d’être à l’écoute des citoyens et de prendre le pouls de la communauté.

Déjà en 1988, la Commission d’enquête sur les services de santé et les services sociaux du Dr Jean Rochon indiquait que la décentralisation vers les régions est une nécessité pour assurer l’adaptation aux conditions locales, l’intégration des services et l’implication de la population et des forces sociales dans le développement social et la gestion des services sociosanitaires.

Dans la foulée du rapport Rochon, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) allait créer des Régies régionales, l’ancêtre des agences de santé. Les Régies régionales devaient s’assurer de la participation de la communauté à la planification, l’évaluation des programmes et l’allocation de ressources et de favoriser la concertation des professionnels, des établissements et des organismes communautaires.

Avec l’abolition de structures régionales qui les représentent et les écoutent, les comités de vigie ont décidé d’aller au front et de défendre et promouvoir les soins de proximité dans leurs régions respectives.

Tous pour un !

Pour améliorer l’accès aux soins de santé, les hôpitaux doivent développer davantage de liens avec les instances locales. Le but étant de travailler ensemble afin de mieux répondre aux besoins des patients, de mettre en place plus de soins de longue durée, plus de soins palliatifs et de déployer plus efficacement des équipes de soins à domicile.

De plus, une attention doit être portée à la première ligne. Statistique Canada révélait que 4,6 millions de Canadiens, soit 14,5 % des personnes de plus de 12 ans, n’ont pas de médecins de famille. Sans médecin de famille, il n’y a pas de consultations régulières pour évaluer l’état de santé et des affections peuvent ne pas être diagnostiquées.

Avec une gouvernance locale et des partenariats où les acteurs concernés sont présents, on peut espérer mettre en branle des projets intéressants pour désengorger le réseau, bien soigner les patients et par le fait même, prévenir les réadmissions.

Les défis et enjeux qui concernent chaque région sont complexes, et c’est par la concertation, les échanges et des initiatives innovantes que l’on peut briser les silos et les barrières organisationnelles, professionnelles et bureaucratiques qui trop souvent bloquent le progrès et le changement.

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