L’éthicienne Marie-Andrée Brière⁠1 l’a brûlée au bûcher de l’éthique personnelle pour non-respect d’une « durée raisonnable » d’éloignement du milieu politique avant de faire le saut en politique. Elle l’a qualifiée d’insouciante « de l’intégrité qu’elle se [devait] d’avoir envers le public »… pire encore, elle l’a marquée au sceau d’un « opportunisme [qui aurait] joué dans ses choix, dans son agir » (sic)…

Dieu du ciel (version française de OMG), nous sommes sous le choc !

Bien sûr, elle n’est pas la première à faire un tel choix… De René Lévesque à Christine St-Pierre, de Chrystia Freeland à Vincent Marissal, sans oublier les Pierre Duchesne et autres Bernard Drainville.

Le carnet de ces « transfuges » est bien garni, non seulement au Québec et au Canada, mais aussi dans les démocraties occidentales.

Est-ce un fléau, comme se demandait en 2012 le vice-président du CRTC Tom Pentefountas – ci-devant ancien journaliste montréalais de CKDG-FM et CJAD, candidat de l’ADQ en 2004 et 2008 ? Et que dirait-on des journalistes qui deviennent compagnons ou compagnes d’hommes ou de femmes politiques comme cela se produit souvent en Europe ? Érige-t-on un mur éthique lorsqu’on met la tête sur l’oreiller ? Et est-ce seulement au hockey qu’on a le droit, sinon le devoir, d’être opportuniste ?

Bref, poser la question ainsi, c’est oublier trois choses :

  • premièrement, en démocratie représentative tout citoyen a le droit fondamental et la liberté totale de se présenter à une élection. Et pas seulement les contribuables, les avocats ou les médecins ;
  • deuxièmement, ce qu’on appelle « faire le saut en politique » implique par la force des choses de passer d’un secteur professionnel (privé ou public) à une « classe politique » qui, comme à l’école, est le reflet de notre société ;
  • troisièmement, être femme ou homme politique par les temps qui courent et affronter le « jaunisme social » vociférant demandent un courage et une abnégation à nuls autres pareils.

Martine a-t-elle été opportuniste ? Bien sûr, c’est d’ailleurs une caractéristique de base en politique.

Et le ratoureux et opportuniste en chef François, notre « démon blond » de la politique québécoise, a sûrement joué finement son approche et son argumentaire qui comporte autant de tuyaux et de claviers qu’un orgue monumental… surtout quand les vents dominants portent le son aux cimes du pouvoir. Et alors ? Ça fait partie de la game, pour ne pas dire de la vie en société.

Martine aurait-elle dû démissionner six heures, six jours, six mois ou six ans avant de prendre sa décision ? Chose certaine, elle n’a pas pris sa décision sur un coup de tête et a dû passer par des montagnes « russes » d’émotions. La question du temps de réflexion, de la pause éthique ou de la « retraite pour protéger son intégrité » ne relève pas du jugement des réseaux sociaux, des professionnels de la morale et encore moins du CRTC. C’est la liberté que toutes et tous ont encore.

Martine a-t-elle perdue sa crédibilité si elle devient ministre d’un futur gouvernement de la CAQ ? En politique, un ministre crédible est un ministre qui livre des résultats et dont la parole porte. Juste à prendre comme exemple Pascale St-Onge, ministre des Sports du Canada, face aux dinosaures de Hockey Canada : elle frappe des coups de circuit chaque fois qu’elle ouvre la bouche.

Martine veut servir le Québec ? Bravo et bon courage !

1. Lisez le texte d’opinion de Marie-Andrée Brière Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion