Nous sommes en août 2022. La pandémie de la COVID-19 est comme une histoire du passé. Pour tous ? Non, pas tous. Les 3 % de Canadiens âgés de 15 ans et plus dont le système immunitaire est affaibli ne peuvent pas se permettre une telle insouciance. Pourquoi ? Parce que la vaccination assure moins de protection contre les complications de la COVID-19, voire une protection nulle, aux personnes dont le système immunitaire est affaibli.

C’est notamment le cas de Sylvie. Elle souffre de la leucémie lymphoïde chronique (LLC), un cancer du sang qui a réduit l’efficacité de son système immunitaire, la rendant vulnérable aux complications de la COVID-19 malgré ses quatre doses de vaccin.

Je suis prise à la maison depuis maintenant deux ans et demi. Si je ne meurs pas de la COVID-19, ce sera probablement de dépression.

Sylvie, atteinte de leucémie lymphoïde chronique

Sylvie n’est pas seule dans cette situation. Alors que le port du masque se fait de plus en plus rare et que la distanciation sociale n’est plus respectée, les personnes immunodéprimées doivent redoubler de vigilance pour se protéger, notamment en évitant des milieux publics achalandés et en limitant les contacts.

Leurs proches s’en trouvent aussi affectés. Diane, une mère de deux enfants qui vit aussi avec la LLC, affirme : « Nous sommes tous en isolement et nous n’avons pas encore contracté la COVID-19. Mes enfants viennent de terminer leur deuxième année d’études en mode virtuel. Le fait qu’ils n’aient pas eu la chance de jouer avec les enfants de leur âge depuis plus de deux ans m’attriste vraiment. J’ai l’impression qu’ils passent à côté de tellement de choses. »

L’immunodépression a plusieurs causes. Elle peut être congénitale ou acquise en raison d’une maladie ou du traitement de celle-ci.

Alors que la pandémie s’éternise, le développement de médicaments pour contrer la COVID-19 est une des rares bonnes nouvelles. Evusheld, un nouveau traitement préventif, offre aux personnes immunodéprimées une protection semblable à celle conférée par la vaccination aux personnes en santé. Le Paxlovid et d’autres traitements antiviraux empêchent la multiplication du virus après l’infection, contribuant ainsi à la guérison.

Cependant, l’accès à ces traitements pose problème.

L’accès au traitement préventif est fortement limité dans plusieurs provinces et la procédure d’obtention est souvent compliquée. Pourtant, ce traitement est facilement accessible dans de nombreux autres pays, dont la France, Israël et les États-Unis.

Pourquoi les ministères de la Santé des provinces sont-ils si réticents à fournir cette protection aux personnes immunodéprimées ?

Peu d’efforts sont consacrés à informer les personnes immunodéprimées de ces traitements et des processus à suivre pour les obtenir. Les antiviraux doivent être pris dans les cinq à sept jours suivant un premier test positif, ce qui confère au facteur temps un caractère essentiel. Plusieurs patients doivent se débrouiller seuls pour avoir accès aux traitements, pour autant qu’ils sachent que ceux-ci existent.

Bien que la plupart des personnes immunodéprimées soient admissibles à ces traitements, certaines ne le sont pas. Par exemple, les patients atteints de cancer sont admissibles à condition d’être sous traitement. Or, de nombreuses personnes atteintes d’un cancer du sang, comme la LLC, sont immunodéprimées pendant la période de surveillance qui précède le traitement, période pouvant s’étendre sur plusieurs années, ainsi que pendant la période de rémission après le traitement.

Les personnes immunodéprimées étant particulièrement vulnérables aux complications graves liées à la COVID, un meilleur accès aux traitements préventifs et antiviraux diminuerait la pression sur le système de santé présentement surchargé.

En même temps, chacun d’entre nous peut aider à protéger les personnes immunodéprimées face à la COVID-19. Pensez à Diane, qui déclare : « Je porte toujours un masque N95. Lorsque quelqu’un tousse ou éternue en public, je m’éloigne rapidement. Lorsque je suis dans une file d’attente, j’ai peur de contracter la COVID-19 des gens autour de moi. »

Si vous voyez quelqu’un porter un masque, il pourrait s’agir d’une personne immunodéprimée. Vous pouvez l’aider en respectant la distanciation sociale.

Si vous manifestez des symptômes de la COVID-19, respectez la période d’isolement de 10 jours afin de ne pas répandre la maladie.

Veillez à prendre toutes les doses de rappel du vaccin auxquelles vous êtes admissible.

Pour certains d’entre nous, la pandémie est loin d’être terminée. La multiplication des cas de COVID-19 chez les personnes vulnérables accentuera davantage la pression sur le système de soins de santé ainsi que les dommages causés à la santé mentale et à la qualité de vie de millions de Canadiens immunodéprimés.

Tant que la pandémie sera parmi nous, les personnes immunodéprimées continueront à se protéger, mais elles ont aussi besoin d’un coup de main des traitements préventifs et antiviraux ainsi que de notre bienveillance à tous.

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