Les dirigeants canadiens, le premier ministre du Québec, les raffineries provinciales Suncor et Valero et le célèbre géant canadien du pétrole brut Enbridge défendent un dangereux projet de combustible fossile qui transporte du pétrole de l’Alberta au Québec en passant par le Midwest des États-Unis, au mépris du tout premier ordre de fermeture d’un oléoduc existant.

Ils utilisent de faux arguments, des mythes et des preuves non concluantes pour justifier la poursuite de l’exploitation d’un oléoduc qui menace un cinquième de l’eau douce de la planète, l’apport en eau potable de 40 millions de personnes, les droits des Autochtones et des milliards de dollars en échanges commerciaux, et ce, en refusant de reconnaître que nous sommes en crise climatique. Alors que le gouvernement du Québec est le premier au monde à interdire tout développement futur des combustibles fossiles, Montréal continue de recevoir le pétrole de la ligne 5 par la ligne 9b.

Un rapport publié le mois dernier confirme qu’Enbridge a induit les Québécois en erreur quant à une éventuelle augmentation du prix du gaz au Québec si la ligne 5 était fermée. Ce rapport détaillé, réalisé par Environmental Defense Canada, confirme ce que les groupes de défense de l’environnement soutiennent depuis des années : l’effet de la ligne 5 sur les prix du pétrole au Québec est négligeable. De plus, de multiples analyses prouvent que le Québec ne souffrirait pas d’une pénurie d’approvisionnement à la suite d’une fermeture rapide de la ligne 5, contrairement à ce qu’Enbridge et l’industrie des combustibles fossiles veulent nous faire croire.

Nous avons des preuves indéniables qu’une transition vers les énergies renouvelables au Canada est possible.

Les partisans de la poursuite de l’exploitation de la ligne 5 tirent profit de la guerre en Ukraine, de la hausse du taux d’inflation et de l’augmentation du coût de la vie. Ce sont des tactiques malhonnêtes et trompeuses. Ce sont les marchés internationaux de l’énergie qui déterminent le prix du pétrole, et non un seul oléoduc.

Enbridge a laissé fuir dans l’environnement plus de 28 millions de litres de pétrole depuis 1999, ce qui équivaut à une moyenne de 1,9 million de litres de pétrole par an. Environmental Defense Canada a également déclaré que si un déversement de la ligne 5 se produisait sous le détroit de Mackinac, le secteur des Grands Lacs le plus sensible sur le plan écologique, pendant les mois d’hiver lorsqu’il y a une couverture de glace, un nettoyage serait presque impossible, et cela rendrait toute fuite de pétrole d’autant plus dramatique.

Les représentants politiques du Québec peuvent avancer des arguments solides en faveur de la fermeture de la ligne 5 et demander au gouvernement fédéral de cesser de défendre ce pipeline au cours des prochaines élections, alors que les électeurs seront plus attentifs à l’actualité. Bien que le Québec soit la première administration au monde à interdire toute nouvelle exploitation de combustibles fossiles, nous devons également réduire progressivement notre utilisation des infrastructures existantes transportant ceux-ci afin d’atteindre nos objectifs climatiques. La ligne 5, qui est particulièrement dangereuse, est une première cible parfaite.

Enfin, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, qui représentent tous deux des circonscriptions fédérales de Montréal, doivent également cesser de défendre la ligne 5 et se montrer solidaires des communautés autochtones des États-Unis et des militants américains, qui ont passé près d’une décennie à lutter contre cet oléoduc, en veillant à ce que l’ordre d’arrêt historique de la gouverneure Gretchen Whitmer visant à protéger les Grands Lacs soit appliqué une fois pour toutes.

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