J’ai désespérément besoin de grandeur. Vous savez, celle incarnée par des êtres qui stimulent le meilleur chez les personnes qu’elles rencontrent, celle qui nous fait lever la tête pour voir plus loin que ce qui se limite à notre espace personnel. Vous savez, la grandeur qui ouvre la voie à participer à un projet plus grand que soi, à se dépasser, à faire émerger le meilleur de la nature humaine. Vous voyez ?

Je ne sais pas si c’est tout ce bruit, ce vacarme associé à nos modes de communication, mais j’ai plutôt l’impression d’être tiré vers le bas, stimulé dans mes inquiétudes, l’envie de fermer portes et fenêtres et juste prendre soin de mon petit nombril. Comme l’impression d’entrer dans un immense bazar rempli d’objets de toutes sortes, empilés les uns sur les autres dans un immense fouillis. Les éléments ayant de la valeur ne sont pas en évidence, car tout a été « garroché » dans ce lieu comme si tout était égal, comme si chaque chose valait le même prix. Tout le monde se marche sur les pieds, certains hurlent, d’autres se battent et ceux qui ont été choisis pour ordonner ce désordre contribuent bien souvent à l’amplifier.

Je n’ai certainement pas besoin de faire la liste des évènements dramatiques qui font l’actualité, des raisons de s’inquiéter pour l’avenir. À moins de sortir à l’instant d’un coma où d’une transe ayant duré plusieurs années, vous savez de quoi il est question. Le monde est sous tension et le sera de plus en plus. Comme notre planète qui se réchauffe et accumule de l’énergie qu’elle doit bien finir par relâcher, nos sociétés accumulent des tensions qui devront bien être relâchées également.

Capacité de mobilisation

J’aime bien comprendre le concept de pouvoir comme étant la capacité à mobiliser de l’énergie et de l’orienter vers un but. À la base, il y a l’énergie physique et mentale qu’un individu possède et qu’il peut mobiliser pour atteindre un objectif qu’il détermine. En fonction du rôle qu’une personne joue dans la société, elle peut avoir accès à un plus grand réservoir d’énergie. Ainsi, un propriétaire d’entreprise a dans son réservoir l’énergie de ses employés qu’il oriente en fonction de ses propres intérêts. L’argent possède également cette grande capacité à concentrer de l’énergie et à la déployer dans une direction.

Dans ce sens, si vous êtes riche, le potentiel de votre réservoir est immensément supérieur à celui auquel peut avoir accès une personne qui ne l’est pas.

Très bientôt, au Québec, débutera une nouvelle campagne électorale. Dans ce contexte, mon message s’adresse principalement aux politiciens, mais également aux médias et à nous tous qui possédons un pouvoir plus ou moins grand à mobiliser de l’énergie pour la diriger dans une direction. J’ai désespérément besoin de grandeur. J’ai besoin de la vôtre pour m’aider à nourrir la mienne. Elle est alimentée lorsque j’assiste à des débats d’idées qui sont respectueux, elle s’épuise lorsque je suis témoin d’accusations de toutes sortes, de généralisations à outrance, de clivages, de « c’est la faute des autres ».

À nous les citoyens, j’ai besoin qu’on fasse preuve de grandeur et qu’on se responsabilise pour nos choix plutôt que constamment entretenir la croyance que les drames qui s’annoncent sont dus aux grandes entreprises, à l’argent et au capitalisme. Penser ainsi c’est nous absoudre de nos responsabilités. C’est quand même nous qui achetons allègrement ce mode de vie qui nous est proposé.

À vous les politiciens, j’ai besoin de votre grandeur pour continuer d’espérer que les débats peuvent nous permettre de trouver des voies d’évolution et non de destruction. Je ne m’attends pas à un nouveau Gandhi ou un nouveau Mandela, mais juste percevoir que vous préférez vous inspirer d’eux, même s’il semble plus facile et plus payant électoralement, quelquefois, de simplement diaboliser votre adversaire.

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