Est-ce que les machines à remonter le temps existent ? Oui, on le sait maintenant, et cela a un prix : 10 milliards de dollars américains. Le télescope James Webb, qui a pris 30 ans à être pensé, dessiné et construit, nous montre des images du passé cosmologique par l’entremise d’une autoroute visuelle qui n’en finit pas de nous surprendre.

De son côté, le tunnel Lévis-Québec, en projet chez nos gouvernements provincial et municipal, est une autoroute bitumée qui nous fera reculer — pour 10 milliards de dollars aussi, canadiens cette fois-ci — à une période où l’automobile, le pétrole et la pollution qui en découlent avaient le haut du pavé.

Le télescope fait sourciller bien des experts en raison de l’extravagance de cette machine quand, sur Terre, les forêts brûlent, des milliards de personnes ne savent pas si elles vont manger le lendemain et que beaucoup meurent dans les couloirs d’hôpitaux.

Le tunnel québécois, quant à lui, captera des ressources financières majeures dans notre province alors que des scénarios de changements climatiques, d’incertitude économique et de système de santé défaillant hantent nos prochains mois, surtout pour les moins nantis dont le nombre va en augmentant. Sans parler de la pandémie, qui s’invite encore une fois, toujours plus intrusive et dommageable.

Qui paiera pour tous ces chantiers pharaoniques ? Car les pharaons sont bien connus pour mettre en œuvre de folles idées au détriment de leurs esclaves en majorité morts au travail.

Les Américains ont vu et verront des ponctions importantes de leurs impôts s’envoler vers l’espace, au point Lagrange 2.

Les Québécois et les Lévisiens assumeront la facture astronomique du tunnel durant le siècle à venir, leurs enfants continuant de payer alors qu’ils ne seront plus en mesure de se payer un véhicule. Surtout si le gouvernement fédéral ne participe pas à ce projet de transport collectif.

Nous nous dirigeons ici vers une reprise de la saga du Stade olympique montréalais, lequel perturbe encore le portefeuille des citoyens après 50 années de hauts et de bas.

Et le futur tramway de Québec ? Avouons-le, il a un peu plus de sens quand on discute transport collectif, en forçant l’abandon des véhicules personnels et en instaurant de nouvelles habitudes de déplacement chez les citadins. Un peu comme la Station spatiale internationale (SSI), qui apporte des réponses scientifiques grâce aux diverses recherches qui y sont menées. Dans les deux cas, on parle de milliards de dollars, mais les retombées sont beaucoup plus concrètes.

Et ce tramway, au début du projet, il ne devait pas se rendre jusqu’à Lévis ? Quel morceau avons-nous perdu en route pour que le tronçon de la Rive-Sud tombe à l’eau et qu’on cherche maintenant à creuser sous le fleuve ?

Dans tous les cas, que ce soit dans l’espace ou sur Terre, les choix que font les politiciens en notre nom restent flous et incertains, résultats de promesses et de lendemains auréolés de bonheur.

Lorsque les chantiers ont démarré, il est souvent trop tard pour reculer devant des impacts que nous n’avions jamais imaginés.

Lorsque le projet est encore sous forme de plans imprimés ou numériques, les payeurs éventuels (nous) doivent questionner, demander des précisions, talonner les décideurs et les faiseurs de promesses, car plus tard, il ne sera pas possible de remonter l’espace-temps, de modifier notre avenir et celui de nos descendants.

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