La lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale ne prend pas de vacances ! Tout au long de l’été, des organismes vont à la rencontre des jeunes et se mettent à l’écoute de leurs besoins et aspirations.

Au moment où nous réchauffent enfin les premiers rayons de la belle saison, il est bon de se rappeler que le soleil ne brille pas également pour tout le monde.

Pour certains enfants, ces inégalités découlent de la difficulté qu’ont leurs parents à trouver un logement convenable et abordable. La semaine dernière, un sondage Léger réalisé pour le compte de l’Observatoire des tout-petits révélait une donnée troublante : 72 % des parents rapportent qu’il est maintenant plus difficile qu’avant la pandémie d’avoir accès à un logement abordable. Rappelons qu’au Canada, un logement est considéré comme abordable s’il coûte moins de 30 % du revenu avant impôts du ménage.

La littérature scientifique est claire : le coût du logement a un impact sur le développement des jeunes. Les parents qui paient un logement trop cher ont en effet moins d’argent à consacrer aux autres besoins de base, dont l’alimentation, avec pour résultat que leurs enfants ont souvent un poids inférieur à celui de leurs pairs.

Pour d’autres jeunes, ce sont les vacances scolaires qui amènent leur lot d’inégalités.

Dans le Grand Montréal, l’offre d’activités pour occuper les jeunes pendant l’été est très variée, des camps privés aux camps institutionnels en passant par ceux qui sont organisés par les villes. Il y a aussi les camps offerts par des organismes communautaires.

Récemment, j’ai fait la découverte d’un « camp de jour-soir ». Offert dans l’arrondissement de Saint-Laurent, il accueille les jeunes quatre jours par semaine, de 15 h à 21 h, tout au long de l’été. Curieux comme horaire, non ? L’objectif est d’offrir des activités aux jeunes durant ces heures critiques où ils pourraient être tentés de traîner dans les rues.

Ce camp n’est pas mené par des animateurs, mais par des intervenants qui côtoient les jeunes pendant toute l’année scolaire et les connaissent donc très bien. La programmation est axée sur l’autonomie et l’acceptation des différences individuelles, culturelles et sociales, tout en favorisant l’adoption de saines habitudes de vie. On cherche à donner aux jeunes un sentiment d’appartenance à un groupe auquel ils peuvent s’identifier pour les bonnes raisons. D’où cette phrase, lancée par le directeur de l’organisme : « Leur gang de rue, c’est nous. »

Cette approche trouve écho dans d’autres quartiers. J’ai été impressionné de voir comment les organismes communautaires offrent leurs services là où se trouvent les jeunes. En affaires, on dirait : « de façon décentralisée » ou « en fonction des besoins de la clientèle ». Pas d’études de marché ici, pourtant, mais une connaissance fine des besoins des jeunes et une urgence d’agir.

Beaucoup de ces jeunes sont marginalisés. Ils font face à de la discrimination et se sentent pris au piège des stéréotypes, que ce soit à cause de leur apparence ou du quartier qu’ils habitent.

La violence, elle aussi, est un écueil permanent. Ces jeunes vivent dans une insécurité à laquelle ils souhaiteraient échapper, mais qui les pousse, aussi tôt qu’à 15 ans, à porter un gilet pare-balles.

À Montréal-Nord, on offre entre autres des « camps de rupture » qui tentent d’aider les enfants plus marginalisés à sortir du bitume et à se projeter dans l’avenir. L’objectif ultime est que les jeunes puissent se réapproprier leur espace, changer l’image de leur milieu de vie et mettre un point final à la stigmatisation.

J’ai été frappé par la réponse du directeur d’un camp de vacances en nature lorsque je lui ai demandé quel était le premier bénéfice d’un séjour dans un camp pour des jeunes provenant de milieux vulnérables : « Vous savez, à la rentrée scolaire, lorsque le professeur demande aux jeunes ce qu’ils ont fait durant l’été ? Eh bien, ces jeunes pourront raconter qu’ils sont allés à la campagne, ont joué dans le bois, ont nagé dans un lac… Bien souvent, il s’agira de leurs premières vraies vacances. »

Pour les enfants et les familles en situation de vulnérabilité, Centraide du Grand Montréal subventionne à prix réduit plus de 28 000 nuitées dans une dizaine de camps de vacances. Ces camps permettent aux jeunes et aux familles de sortir de la ville et de jouer en forêt, souvent pour la première fois de leur vie. Et j’ajouterais qu’ils y prennent trois bons repas et deux collations par jour. De plus, ces jeunes y fréquentent des familles plus favorisées, encourageant du même coup non seulement la mixité, mais aussi l’estime de soi et l’inclusion sociale de tous. Bref, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale ne prend pas de vacances estivales : elle est menée 12 mois sur 12.

On dit souvent que les jeunes sont l’avenir. On dit aussi qu’on ne peut prédire ce dernier. Si ces deux affirmations sont vraies, il reste que nous pouvons contribuer à bâtir un avenir où les jeunes, quel que soit leur milieu de vie, sont partie prenante de notre société, épanouis et égaux.

Pour y arriver, nous pouvons prendre exemple sur les camps évoqués dans cette chronique, qui vont à la rencontre des jeunes et se mettent à l’écoute de leurs besoins et aspirations. Le secteur communautaire regorge de ces histoires d’organismes où brille la volonté de réduire les inégalités afin de permettre aux jeunes de vivre cet avenir ensoleillé auquel ils rêvent.

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