Dans son rapport publié le 13 juin, intitulé L’élève avant tout, le protecteur du citoyen, Marc-André Dowd, souligne la nécessité de s’attaquer aux difficultés d’apprentissage des élèves du primaire. Sa solution consiste à offrir des services éducatifs complémentaires, tels que l’orthopédagogie, la psychoéducation, l’orthophonie, l’éducation spécialisée ou la psychologie, dans le but de faciliter l’intégration des enfants ayant des difficultés d’adaptation ou d’apprentissage dans les classes ordinaires.

Une meilleure approche consiste à modifier ce qui se passe dans la classe elle-même, afin que l’enseignement réponde aux besoins des différents types d’apprenants.

Incapables de répondre à la forte demande pour des adaptations individuelles, certaines des meilleures universités d’Amérique du Nord, dont McGill et Harvard, ont commencé à mettre en œuvre des pratiques de la Conception universelle de l’apprentissage (CUA) dans leur enseignement il y a plusieurs années. La CUA repose sur le concept architectural de la conception universelle : créer des espaces inclusifs qui sont accessibles à tous, quel que soit l’âge ou la capacité physique. Par exemple, les escaliers constituent un obstacle pour les personnes ayant certaines limitations physiques. La conception universelle exige que des rampes adaptées aux fauteuils roulants soient également intégrées dans la conception des bâtiments, car les rampes, contrairement aux escaliers, conviennent à tous.

C’est ce que l’on appelle un « modèle social », selon lequel des adaptations sont intégrées directement et délibérément à la conception, afin d’accueillir un plus grand nombre d’usagers et d’éviter la discrimination.

Malheureusement, nos écoles semblent être bloquées dans l’ancien « modèle médical », selon lequel l’élève quitte la classe pour bénéficier de services éducatifs. Cette approche suppose que le problème se situe chez l’élève, alors qu’en réalité, c’est la salle de classe qui n’est pas équipée pour répondre aux besoins de l’élève.

La CUA se concentre sur l’élimination des obstacles à l’apprentissage et la création des conditions d’apprentissage optimales pour le plus grand nombre d’élèves. Cette approche n’est pas seulement plus respectueuse des élèves ayant des besoins d’apprentissage différents, elle est aussi plus efficace et plus rentable.

Au-delà du « modèle médical »

À l’Académie Centennial, une école qui attire de nombreux élèves brillants, mais en difficulté, nous ne pouvions plus nous permettre de continuer à utiliser le « modèle médical » traditionnel. Bien que nos élèves aient une grande variété de difficultés – presque tous ont un diagnostic d’un ou plusieurs troubles d’apprentissage, tels que le TDAH, la dyslexie et les TSA de haut niveau –, nous avons découvert que les interventions proposées pour chaque diagnostic étaient presque identiques. Conformément aux principes de la CUA, nous avons donc intégré de nombreuses adaptations, telles que le codage couleur, les organisateurs graphiques, l’utilisation de supports visuels et des routines d’enseignement prévisibles, dans chaque classe, afin que tous les élèves puissent y avoir accès. En conséquence, 90 % des 62 élèves de la promotion de cette année ont suivi le programme provincial rigoureux et ont obtenu leur diplôme en cinq ans.

Une autre clé de notre succès a été de modifier considérablement le rôle de l’enseignant. Nous permettons à nos enseignants de mettre à profit leur formation et leur expertise en se concentrant uniquement sur ce qui compte vraiment : optimiser l’apprentissage des élèves.

Nous laissons à d’autres membres du personnel le soin de superviser les élèves et d’encadrer les activités sportives, et nous disposons de ressources consacrées exclusivement à la communication avec les parents, ce qui garantit une communication cohérente et efficace, permettant aux parents de suivre de très près les progrès de leur enfant. En outre, nous disposons d’une équipe entière consacrée à la réussite des élèves : des accompagnateurs et du personnel de soutien à l’apprentissage qui recueillent des données sur les performances et le comportement des élèves et qui s’assurent que les besoins individuels des élèves sont satisfaits et que les objectifs sont atteints. Avec cette approche en place, les enseignants ont le temps de travailler avec de petits groupes d’élèves et de s’assurer que l’apprentissage est accessible et significatif pour tous. En conséquence, les performances des élèves se sont améliorées, dans presque tous les cas sans avoir recours à des spécialistes.

En outre, notre approche est abordable : notre coût par élève est comparable aux services éducatifs que propose le protecteur du citoyen, mais notre approche, contrairement à la sienne, est inclusive et ne marginalise pas les élèves.

Je tiens à souligner que l’Académie Centennial n’est pas unique. Des écoles en Grande-Bretagne et aux États-Unis ont adopté une approche similaire.

La province de Québec a depuis longtemps adopté l’idée d’écoles ayant des mandats spécialisés, comme les sports-études et les arts. N’est-il pas temps de mettre à l’essai la méthode CUA dans certaines écoles publiques ? Ce faisant, nous respecterions alors vraiment notre engagement envers la réussite des élèves.

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