Se reconnaître. Se voir. Se dire que nous existons l’un ou l’une pour l’autre. C’est bien sûr une question de regard. C’est certes une question de paire de lunettes, de la paire d’yeux qu’on décide de poser sur l’autre. Et pourtant, c’est d’abord et avant tout une question... de main tendue. De la main que l’on choisit de tendre pour se rassembler, pour faire équipe, à deux ou plus, face à la vie.

Les langues et cultures des peuples autochtones brillent. Elles sont des étoiles au firmament de la société, de la science, de la politique, de l’économie, de la vie chez nous. Elles brillent, car elles nous rapprochent toujours un peu plus, toutes et tous, de ce que nous sommes. Reconnaître, se « réconcilier », être dans la vérité, il faut bien le dire en toute franchise, ce n’est pas tant une question de vocable qu’une question d’attitude. C’est adopter une posture d’ouverture et de reconnaissance avant toute chose. C’est d’abord dans le désir de faire briller d’autres personnes sans s’éteindre soi-même que l’on peut constituer un ou une véritable allié.e.

C’est dans cet esprit que le magnifique Festival KWE ! est né, où les 11 Nations autochtones du Québec et les non-Autochtones se côtoient et célèbrent tous ensemble. Cet esprit d’ouverture aux personnes, aux cultures et aux langues qui représentent notre environnement et notre société, c’est aussi ce que la Fondation Pierre Elliott Trudeau exige des futur.e.s leaders engagé.e.s qu’elle consacre boursiers et boursières. Sans cet engagement à essayer d’apprendre les langues autochtones, en plus des deux langues officielles du pays, il ne peut y avoir de vrai leader qui puisse émerger, car la langue est le liant de tous nos échanges. La langue nous lie, tout comme la danse, tout comme la musique, tout comme l’art et même l’amour, dans ce que nous avons de plus ancré, de plus humain et de plus commun en chacun.e de nous.

Nous sommes ensemble, autochtones et non-autochtones, pour reconnaître et faire briller le vivre-ensemble, pour construire la société de demain à partir de nos apprentissages des sociétés du passé et de celles d’aujourd’hui. Sans peur et sans hésitation. Avec reconnaissance et gratitude.

En cette journée nationale des peuples autochtones, la Fondation Pierre Elliott Trudeau se réjouit de prendre part au Festival KWE!, une occasion précieuse de célébrer nos liens communautaires et notre reconnaissance des langues et des cultures des peuples des Premières Nations, Métis et Inuits. Nous soulignons, à cet égard, la contribution inestimable à l’évènement de Marie Battiste (éducatrice ’Lnu) et Lorna Wanosts’a7 Williams (éducatrice Lil’watul), deux éducatrices autochtones chevronnées et fellows de la Fondation, qui organiseront une table ronde et un cercle de discussion sur les savoirs et les langues autochtones. Leur conversation s’intéressera à la Déclaration de l’ONU des droits des peuples autochtones, la loi sur cette Déclaration de 2021 et les possibilités offertes par le début de la Décennie internationale des langues autochtones 2022-2032. Ensemble, nous pourrons explorer les désirs, les aspirations et les responsabilités de tou.te.s les participant.e.s afin que soit amorcé, au cours de la prochaine décennie, un véritable leadership engagé dans la reconnaissance des langues autochtones « comme gardiennes de l’identité et de l’histoire culturelle » (UNESCO), ainsi que de la richesse de la diversité culturelle et linguistique de notre société.

Nous, les coauteures, aimerons ainsi, en cette occasion, célébrer cette richesse d’une puissance inouïe, une richesse qui nourrit notre lien depuis plusieurs années d’amitié et de collaboration, un lien fort qui constitue à nos yeux la promesse d’un lendemain fait d’alliances et de réel désir de succès l’une pour l’autre.

Il faut chacun, chacune, être fier de ce qu’on est, de l’histoire que l’on porte. Non seulement faut-il alimenter cette fierté en soi, mais il importe d’alimenter aussi cette fierté chez nos prochain.e.s, car seuls ceux et celles qui cherchent à s’élever mutuellement peuvent accéder au véritable progrès : celui qui se tisse dans la rencontre mutuelle. Que brille l’étincelle de tous les allié.e.s de ce monde! Que brille le feu des peuples autochtones d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Tiawenhk ! Merci !

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