Dans mes jeunes années, quand je voyais des personnes âgées, la bouche creuse, plus de dents, sans prothèse, je trouvais ça pénible pour elles. Elles attiraient et attirent encore une certaine pitié. Maintenant, c’est mon tour. Ça prend du courage pour se présenter publiquement ainsi désavantagée. Le gouvernement fédéral vient d’ajouter de nouvelles mesures pour les soins dentaires pour les jeunes, mais est-ce que le tour des aînés et des moins nantis viendra ? Et pourtant, on parle de l’âge d’or. L’âge d’or pour qui ? Pour quoi ?

Le but de cette lettre est de dénoncer cette injustice que vivent encore aujourd’hui les personnes âgées et à faible revenu en matière de soins dentaires. Pourtant, il existe des traitements capables de corriger ces problèmes.

Comment se fait-il que maintenant, tant de personnes sont encore obligées de « manger mou » ? Eh oui ! ces beaux soins ne sont accessibles qu’aux personnes ayant un portefeuille bien garni. Pour les moins nantis, les soins buccaux sont un luxe, les coûts dépassant largement leur capacité de payer. Voilà pourquoi des personnes sont obligées de se nourrir d’une façon aussi peu appétissante.

Les dirigeants politiques se vantent que nous avons un des meilleurs systèmes de santé. Ou on nous cache ou on néglige quelque chose. On balaie sous le tapis la réalité de nombreuses personnes âgées ou à faible revenu. Pourtant, c’est un droit dans notre société d’avoir des soins de santé accessibles à tous.

Oui, aujourd’hui, c’est mon tour d’être découragée. C’est révoltant d’être condamnée à « manger mou » pour le reste de mes jours. Ma situation financière précaire ne me donne pas le luxe de bénéficier de soins dentaires acceptables. Je ne peux pas en assumer les coûts. J’ai dû m’endetter pour des soins de base, et ce n’est pas fini. Je mangeais ma pomme tous les jours, je dois maintenant manger ma purée de pommes…

Je me permets ici de parler au nom de toutes les personnes vivant le même problème que moi pour dénoncer cet état de fait, d’être exclues du système de santé dentaire. Nous avons besoin d’un soutien financier conséquent ou, encore mieux, de la gratuité des soins dentaires.

À 84 ans, je commence à être fatiguée de toujours lutter pour obtenir justice.

Malgré tout, je continue à croire en la bonne volonté de nos gouvernements et j’espère une amélioration pour les édentés du système de santé.

* Participante à l’ACEF du Nord de Montréal, Gertrude Lavoie a fait parvenir une lettre à Émilie Laurin-Dansereau, conseillère budgétaire à l’ACEF du Nord de Montréal, faisant état de sa situation en tant que personne à faible revenu n’ayant pas les moyens de payer des soins dentaires, dont elle a pourtant besoin.

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