« Tu connais la nouvelle ? Vladimir Poutine vient d’être mis en nomination pour le prix Nobel de médecine. Il a trouvé le moyen d’éradiquer la COVID-19 en 24 heures. »

C’est mon frère qui m’a appris que cette mauvaise blague circulait dès le lendemain de l’invasion de l’Ukraine, cette dernière semblant rendre le péril sanitaire presque futile en comparaison d’une troisième guerre mondiale nucléarisée.

Humanité mondialisée

Cela rappelait cette autre blague, en mars 2020 cette fois, quand la pandémie de COVID-19 avait tout changé en trois jours. On racontait que Greta Thunberg faisait une dépression, inconsolable de s’être fait voler sa catastrophe.

Ces blagues nous font réaliser que notre nouvelle humanité mondialisée n’est plus désormais confrontée à la seule peur du réchauffement climatique, deux autres s’étant ajoutées.

La peur sanitaire tout d’abord, dont on peut penser qu’elle est installée à demeure indépendamment de la COVID-19, de ses variants ou sous-variants. C’est qu’on est maintenant conscient qu’un nouveau virus, possiblement plus dangereux encore, pourrait émerger à tout moment, avec les conséquences dramatiques que l’on sait.

L’autre grande peur qui vient de s’ajouter est celle d’une guerre mondiale beaucoup plus dévastatrice que celle en Ukraine dont nous sommes actuellement les spectateurs. En dépit de son caractère terrible, ce conflit est resté jusqu’à présent limité, avec une armée russe archaïque, sans utilisation de nouvelles technologies au potentiel de destruction vertigineux.

Et il y a évidemment la première grande peur sur le plan chronologique, celle du réchauffement accéléré de la planète à la suite de l’action humaine, avec des conséquences de plus en plus désastreuses pour les nations et les peuples.

Tragédie non instantanée

Le péril climatique a perdu le monopole, sinon la préséance, qu’il avait réussi à imposer à la conscience politique mondiale jusqu’à l’arrivée de la COVID-19 il y a deux ans.

En effet, comparé au péril sanitaire et à la guerre, tous deux capables de nous faire basculer dans la tragédie en un moment, le réchauffement de la planète, même s’il s’accélère, ne se fera pas de façon aussi instantanée. Cela donne plus de temps pour s’adapter, mais comporte le désavantage de diminuer le sentiment de danger et d’urgence.

C’est sans doute l’une des raisons qui expliquent que, lors de la publication du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur l’évolution du climat, on ait fait ressortir le fait que, si on n’agissait pas de façon décisive dans les trois prochaines années, la planète serait finie.

Cette affirmation mélodramatique a malheureusement décrédibilisé en partie un rapport qui contenait bien d’autres choses, dans la mesure où il est hautement improbable que cette échéance de trois ans soit respectée et que les gens le savent.

Ou on se dit que ce rapport, fruit d’une négociation en partie politique entre 195 pays, n’est pas aussi fiable que cela. Ou on y croit et on décide de profiter au maximum de la vie jusqu’à l’apocalypse annoncée, quitte à danser sur le volcan et à manger de la viande plus qu’une fois par semaine.

Steven Guilbeault

La réalité est que, la nature humaine étant ce qu’elle est, elle ne s’impose des efforts rebutants que lorsqu’elle est au pied du mur. Mes excuses pour le cynisme, mais, au-delà des rapports d’experts et des déclarations politiques, ce qui manque au fond au dossier du réchauffement climatique, ce serait une vraie mégacatastrophe qui ferait peur à tout le monde.

Faute de cela, l’affaire aura malheureusement tendance à passer parfois après le péril sanitaire et la peur de la guerre, comme on vient de le voir avec l’annonce de l’approbation du projet pétrolier de Bay du Nord par le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault.

Trois jours à peine après le rapport du GIEC, sous l’égide d’un ministre dont on ne peut douter des convictions environnementales, dans un gouvernement PLC-NPD dégoulinant de bien-pensance en ce domaine…

La guerre en Ukraine, qui a fait ressortir l’importance de l’autonomie énergétique des États, a joué un rôle là-dedans, ne serait-ce que pour aider à faire passer la pilule.

La présidentielle française

Les derniers sondages nous prédisaient un coude-à-coude serré au premier tour entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron.

Avec plus de quatre points d’avance sur la cheffe du Rassemblement national, le président français se retrouve au contraire bien placé pour l’emporter au second tour. Contrairement à la piètre performance attendue d’un Éric Zemmour abonné aux erreurs de jugement, l’autre surprise de dimanche a été le score exceptionnellement élevé de Jean-Luc Mélenchon, le chef de La France insoumise dont les partisans de gauche devraient voter majoritairement Macron le 24 avril.

C’est une nouvelle illustration du fait que ce ne sont pas les sondages, mais bien les citoyens qui décident finalement, la politique étant souvent faite de choses qui ne devaient pas arriver, mais arrivent pourtant.

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