Le Plan de rétablissement du réseau de la santé, dévoilé par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, marque le pas d’un grand chantier. Il pourrait devenir un tournant pour la population. Nous nous réjouissons d’y voir des mesures relatives à l’abolition du temps supplémentaire obligatoire, au rehaussement technologique, à l’efficacité de la première ligne ainsi qu’aux soins à domicile. Les quelque 700 spécialistes en médecine interne que nous sommes avons constaté les multiples difficultés entraînées par la pandémie. Nous approuvons particulièrement le virage humain que le ministre entend prendre.

L’humain, au centre de l’avenir du réseau de la santé

Nous devons adopter des structures plus souples, aux dimensions plus humaines. La pandémie l’a trop bien illustré. Le réseau était lourd, ses CISSS et ses CIUSSS des entités pataudes, incapables de faire preuve d’agilité. À l’opposé, lors de périodes cruciales, des médecins et d’autres travailleurs de la santé ont osé mettre sur pied des initiatives locales qui ont sauvé la situation. Car un hôpital, avant de se résumer à un « centre intégré de soins de santé », se définit d’abord comme une communauté formée de soignants, de bénévoles, de patients et d’aidants naturels. La solidarité et la résilience sont tissées à partir des liens qui les unissent. Un réseau de la santé plus décentralisé aiderait toutes ces communautés à s’épanouir au lieu de les étouffer dans un carcan bureaucratique.

Ne pas oublier la prévention

Voilà une autre précieuse leçon de la pandémie. C’est la prévention qui nous a permis de surmonter les vagues successives. Le réseau ne s’est pas limité à plus de lits d’hôpitaux, de soins intensifs et d’antiviraux, arrivés bien plus tard de toute façon. Au contraire, c’est l’ensemble du Québec qui a concentré ses efforts sur le port du masque, la distanciation sociale et la vaccination, autant de mesures préventives efficaces qui ont soulagé le réseau d’une charge autrement insoutenable. Il en va de même pour quantité d’autres maladies : cancer, diabète, maladies cardiovasculaires et maladie d’Alzheimer, entre autres, peuvent être en partie prévenues. Mais pour y arriver, il faudra passer de vœux pieux à des actions concrètes. Il faudra travailler avec les incontournables partenaires du réseau : les écoles, les entreprises, les organismes communautaires, les villes et villages. Plus nous préviendrons de maladies chroniques, mieux nous soignerons ceux qui en souffrent.

De la parole aux actes

Avouons-le tout de go : le plan du ministre représente une petite révolution. Nous n’y reconnaissons pas le réseau des dernières années. « Surcapacité », alors qu’on jurait faire plus avec moins, « visage humain » alors qu’on broyait parfois le moral des travailleurs de la santé. Ces mots ne doivent pas se vider de leur sens comme c’est arrivé trop souvent. Les paroles du ministre doivent inspirer un changement profond, concret et palpable pour l’ensemble des travailleurs de la santé. Soigner à s’en rendre malade n’est pas un plan. Nous appeler des anges gardiens n’améliorera pas la qualité de nos soins. Nous traiter avec respect, repenser le réseau sur des bases plus humaines, voilà ce qui assurera la pérennité de notre système de santé.

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