Visiblement, le transport à vélo semble aller nulle part à Montréal. L’année dernière était une année électorale, on a pris notre mal en patience. On s’est dit que la crise climatique pouvait sacrifier une année entière, histoire de pouvoir élire une administration qui croit au vélo. On s’est dit, allez, la sécurité de nos enfants qui se déplacent à vélo peut aussi attendre une autre année, leur autonomie aussi. On a compris que peut-être que l’électeur-type, celui-là qui va au dépanneur du coin en auto, n’était pas prêt à l’implantation d’aménagements cyclables sécuritaires en année électorale. On a pris notre mal en patience.

On s’est dit qu’une fois cette administration élue, elle allait agir tôt et vite pour rattraper le retard de la dernière année, voire des quatre dernières années. On s’est dit qu’elle allait mettre tout en place pour contrer les changements climatiques, en commençant par le b.a.-ba de la solution : le transport actif.

C’est à se demander si l’administration de Projet Montréal ne souffre pas d’un choc post-traumatique à la suite de la levée de bouclier médiatique et de l’opinion de certaines personnalités publiques lors de l’annonce du REV Saint-Denis. Mais vous savez, Madame la Mairesse, comme dans tout changement, l’opinion publique a digéré cette transformation, elle a saisi toute sa pertinence. La preuve est que presque la totalité des circonscriptions riveraines des REV Saint-Denis et Bellechasse ont récolté plus de voix pour Projet Montréal en 2021 qu’en 2017.

Revenons à nos enfants : comment se fait-il qu’on ne soit pas obsédé par leur sécurité et leur autonomie ?

Comment se fait-il, par exemple, qu’on soit dans l’impossibilité de passer en famille à vélo sur Christophe-Colomb de façon sécuritaire, un axe nord-sud longeant plusieurs quartiers résidentiels, incluant trois écoles ? Pourtant, en 2020, vous aviez eu le courage d’y implanter un aménagement sécuritaire, démantelé depuis.

Nous avons assez attendu. Prouvez-nous que nous avons tort, Mme Plante. Prouvez-nous qu’on fait tout pour la sécurité de nos enfants qui se déplacent à vélo. Prouvez-nous que chaque pouce de voirie à Montréal sera ultimement transformé pour que le transport sécuritaire à vélo ait une place équitable comparée à la marche ou au transport en auto. Prouvez-nous que vous croyez profondément que la mobilité active est au cœur de la lutte aux changements climatiques.

Maintenant, il est temps d’agir. Transformons la rue Saint-Urbain, Papineau, du Parc, Christophe-Colomb, Viau, Rosemont, Jean-Talon, Saint-Joseph, Jarry et plusieurs autres artères pour que le transport à vélo y soit aussi sécuritaire et accessible que la marche (quoique pour cette dernière, il reste encore beaucoup de travail à faire).

Faisons en sorte que les infrastructures cyclables deviennent une banalité dans le paysage urbain, tout comme les trottoirs.

Et arrêtons de consulter à profusion à chaque projet de piste cyclable : la sécurité des déplacements actifs est non négociable.

Vous avez en main, Madame la Mairesse, la clé pour transformer Montréal pour qu’il devienne, tout comme Amsterdam et Copenhague, une référence mondiale pour les déplacements à vélo. Et là, aucune ville du monde ne pourra justifier sa procrastination pour des aménagements cyclables en disant : « Oui, mais nous ne sommes pas Montréal », car si c’est possible à Montréal, c’est possible partout.

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