Depuis plusieurs années, le Québec fait face à un flot grandissant de patients qui ont recours au système de santé. À cela s’est ajoutée la COVID-19, qui a mis en exergue les conditions de travail exigeantes et souvent difficiles des travailleurs de notre milieu. Finalement, la pandémie a réveillé la population et les acteurs politiques sur les limites de cette structure et l’impérieuse nécessité de la repenser afin qu’elle réponde aux besoins réels de la population.

Au cours des dernières décennies, les pays occidentaux ont eu à cœur de développer une organisation de la santé à visée curative, basée presque exclusivement sur les soins à la population, le diagnostic et la prise en charge médicale. Force est de constater que la prévention a toujours été le parent pauvre de cet écosystème.

À l’heure où l’on se questionne en urgence sur les solutions possibles pour l’améliorer et éviter qu’elle ne s’effondre, et ce, en garantissant à chaque Québécois et Québécoise un accès équitable aux soins, ne serait-il pas le temps de se questionner sur la place de la prévention pour agir en amont du traitement des maladies ? Afin d’éviter l’engorgement du système de santé par des patients en attente de soins, ne serait-il pas utile, voire absolument nécessaire, d’envisager l’impact de la prévention de ces maladies sur le nombre de patients admis ?

Si on ne veut pas qu’un système s’engorge, les solutions sont simples : soit on augmente les possibilités de sortie, soit on diminue le flux qui entre. Cependant, les propositions actuelles sont en grande partie favorables à l’augmentation de l’accès aux soins et non à une réduction des entrées.

Nous savons que la majorité des maladies chroniques qui occupent quotidiennement les professionnels de la santé sont évitables. Le coût sociétal des maladies est un fardeau pour toutes les sociétés. Au Québec plus particulièrement, en 2016-2017, près d’un adulte sur cinq était atteint d’au moins deux maladies chroniques. En plus des coûts énormes occasionnés sur le système de santé, celles-ci sont également associées à une qualité de vie moindre et à une mortalité accrue.

Au bout du compte, ces maladies occupent des lits essentiels desquels nous ne pouvons plus nous passer.

La prévention des maladies est une stratégie essentielle pour maintenir et améliorer la santé des populations. Trop longtemps négligée, elle ne représente pas un coût pour la société, mais un investissement à long terme : les constats issus de la pandémie le démontrent bien.

Aujourd’hui, nous devons réfléchir autrement et agir collectivement pour la prévention des maladies et la promotion de la santé plutôt que de répondre constamment à l’urgence de conséquences que nous aurions pu éviter bien avant.

Cette leçon doit être au cœur de la « refondation » du système de santé québécois. Et pour cette raison, nos différentes organisations demandent au gouvernement de mettre sur pied un plan d’urgence en matière de prévention des maladies et de promotion de la santé.

Lorsqu’une maladie peut être évitée, nous devons unir nos efforts pour y arriver. Il en va de la santé de la population pour les générations à venir.

* Cosignataires, représentants d’associations et d’ordres professionnels du milieu de la santé : DBryan Houde, président de l'Association des anesthésiologistes du Québec ; Dr Arsène Joseph Basmadjian, président de l'Association des cardiologues du Québec ; Dr François Corbin, président de l'Association des médecins biochimistes du Québec ; Dr Frédéric Bernier, président de l'Association des médecins endocrinologues du Québec ; Dre Hélène Boyer, présidente de l'Association des médecins francophones du Canada ; Dr Jacques Morin, président de l'Association des médecins gériatres du Québec ; DMartin A. Champagne, président de l'Association des médecins hématologues et oncologues du Québec ; Dre Claire Gamache, présidente de l'Association des médecins psychiatres du Québec ; Dr Jean-François Cailhier, président de l'Association des néphrologues du Québec ; DLouis Crevier, président de l'Association de neurochirurgie du Québec ; Marie-Claude Hotte, présidente de l'Association des neurologues du Québec ; Dr Elio Dario Garcia, président de l'Association des obstétriciens et gynécologues du Québec ; Dr Marc Lebel, président de l'Association des pédiatres du Québec ; Dr Antoine Delage, président de l'Association des pneumologues de la province de Québec ; DGilbert Boucher, président de l'Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec ; Dr Mario Viens, président de l'Association québécoise de chirurgie ; Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, présidente de l'Association québécoise des médecins pour l’environnement ; Dre Caroline Laberge, présidente du Collège québécois des médecins de famille ; Valérie Lucia, directrice générale de la Fédération des kinésiologues du Québec ; Dre Lauréanne Dussault-Desrochers, présidente des Jeunes médecins pour la santé publique ; Jean-François Lortie, président de l'Ordre des hygiénistes dentaires du Québec ; Paule Bernier, présidente de l'Ordre des diététistes-nutritionnistes du Québec ; Luc Mathieu, président de l'Ordre des infirmiers et des infirmières du Québec ; Julie Pelletier, présidente de l'Ordre des sages-femmes du Québec ; Pierre-Paul Malenfant, président de l'Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec

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