Déjà fragilisée par deux années de pandémie, de crise du logement et d’inflation constante, la santé mentale des Québécois est de nouveau ébranlée par la guerre en Ukraine. Certaines personnes vivent dans la crainte d’une troisième guerre mondiale. Dans ce contexte, il est tout à fait normal de se sentir affecté.

Mais nous ne le sommes pas tous au même niveau. Selon l’Organisation mondiale de la santé, les troubles dépressifs majeurs et les troubles anxieux ont augmenté respectivement de 27,6 % et de 25,5 % dans le monde avec la pandémie de COVID-19. Demandons-nous si ce pourcentage aurait été aussi élevé si nous avions eu des sociétés en santé et des milieux de travail en santé.

Malheureusement, toutes ces situations nous donnent parfois le sentiment de ne pas avoir de choix, d’être impuissants. S’en suit une grande source de stress et d’anxiété.

Si on regardait quelle est notre marge de manœuvre, on pourrait se sentir moins dépassé, avec un plus grand sentiment de contrôle. Quelles sont nos possibilités de choix dans le contexte actuel et dans les limites de nos vies individuelles, collectives et sociales ? Certaines personnes choisissent d’aller chercher de l’information et font un cours 101 en accéléré de géopolitique. D’autres vont manifester contre la guerre en Ukraine vêtues de jaune et de bleu, ou organisent déjà l’accueil de ressortissants, envoient des fonds, limitent leur écoute de bulletins de nouvelles. D’autres encore essaient de poursuivre leur chemin, de créer des petits moments de bonheur, de contribuer au bien-être commun. Le psychologue et psychiatre Boris Cyrulnik expliquait dans un de ses livres qu’il n’y a pas de « malheur pur », c’est-à-dire que même dans les périodes de douleurs, il y a des moments heureux.

Avant de faire des choix, on peut se demander : de quoi ai-je besoin ? De quoi ai-je envie ? Qu’est-ce qui est réaliste en ce moment ? Quelles seront les conséquences de mon choix ? Est-ce que je me sens capable de les assumer ? Mon choix est-il conforme à mes valeurs ?

Il est certain que pour choisir, nous devons sentir que nous avons – ou que nous pouvons acquérir – les ressources personnelles et les compétences nécessaires pour y arriver. Nos liens sincères et bienveillants nous aideront aussi à y arriver.

Le contexte actuel nous rappelle l’importance de contribuer en tout temps à créer, à développer et à renforcer notre santé mentale, car une bonne santé mentale nous aide à faire face aux difficultés de la vie. Elle n’empêche pas d’être troublé, ébranlé et de souffrir, mais elle nous donne les moyens d’agir. Elle nous permet aussi de réaliser notre potentiel, d’apporter une contribution à la communauté et de jouir de la vie.

C’est tous ensemble que nous pouvons renforcer la santé mentale. On peut renforcer la nôtre, mais on doit se rappeler que de bonnes conditions de vie y contribuent grandement. Les milieux de travail, les gouvernements, les municipalités, les milieux scolaires, les milieux de vie pour les jeunes, adultes et aînés ont tous un rôle à jouer.

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