Bien vieillir, je crois, est une question de chance et de détermination.

Chance : j’ai eu une enfance heureuse avec des parents en or, j’ai connu (et je connais encore) l’amour, j’ai fait une carrière fabuleuse remplie de souvenirs extraordinaires, je n’ai aucun souci d’argent et je suis toujours à 77 ans en grande forme physique et intellectuelle. Que demander de plus ?

Détermination : tout cela n’est pas venu tout seul. Évidemment, j’ai aussi connu des échecs, des déceptions, des moments humiliants. Très jeune, j’ai appris que le secret du bonheur, c’est de toujours voir le verre à moitié plein. À chaque fois qu’un mauvais souvenir remonte à la surface, je l’efface en le remplaçant par un de mes nombreux bons coups.

Voilà pour le passé.

Bien vieillir en 2022, après deux ans de pandémie, n’est pas toujours évident.

Au-delà de ce qui n’est pas évident, il y a aussi des évidences.

La première : la santé, bien sûr. Facile à dire, plus difficile à faire. Quand la maladie frappe, ce qu’on ne demande jamais, on n’a pas le choix. Mais il est tout à fait possible de mettre les chances de son bord.

Bon, je ne veux pas faire mon petit prêchi-prêcha, mais c’est tellement évident qu’on peut éloigner la maladie en arrêtant de fumer (pour les quelques malheureux fumeurs qui subsistent encore), en s’alimentant mieux (ce qui ne veut pas dire renoncer à un bon verre de rouge ou à un délicieux filet de bœuf à l’occasion), en suivant les consignes de la Santé publique en ces temps de pandémie, et surtout, de bouger. Marcher, faire du vélo, jouer au golf, s’emplir les poumons de l’air du bon Dieu qui ne coûte rien...

La deuxième : l’amour.

Mieux vieillir, c’est savoir aimer. Et qui sait aimer récolte l’amour en retour, avec les intérêts.

Je suis avec ma conjointe depuis 53 ans, et il y a encore un très bon courant qui passe entre nous deux. Nous nous apportons soutien et réconfort dans les moments difficiles. Dans les moments heureux, nous rions ensemble. Il y a non seulement de l’amour, mais aussi beaucoup d’humour dans notre couple. Et pour garder la flamme allumée, nous nous réservons au moins un heure, souvent deux, après le souper, pour échanger sur tous les sujets imaginables.

La troisième : l’amitié. Au tournant de la soixantaine, je me suis concocté une petite devise : OPP. Only pleasant people ! Jeune, on peut s’encombrer l’existence de toutes sortes de gens avec qui on s’entend plus ou moins. Souvent, on n’a pas le choix : un patron grincheux, un client difficile, un collègue de travail mal embouché. À la retraite, c’est différent. Mieux vieillir, c’est s’entourer de gens avec qui on est bien. Choisir ses amis. Se tenir loin des casse-pieds ! Prendre plaisir à partager un repas avec des gens avec qui on a des atomes crochus.

La quatrième : garder son cerveau en forme. Autour de moi, j’ai remarqué que beaucoup de gens, après des années de vie active sur le marché du travail, ressentent une sorte d’épuisement intellectuel en prenant leur retraite. È un errore, comme on dit en italien.

Il y a dix mille façons de conserver un esprit clair et prompt, et c’est tellement plus agréable.

Mots croisés, sudoku, lecture, scrabble, jeux de cartes, peinture, échecs. Personnellement, je prends grand plaisir à m’inventer de nouveaux jeux. Et je me garde au moins deux heures par jour pour des activités intellectuelles.

La cinquième : vivre selon ses moyens. C’est plus vrai que jamais alors que l’inflation commence à se montrer le bout du nez. Vieillir sans soucis financiers, c’est le bonheur. Encore ici, c’est plus facile à dire qu’à faire. J’ai eu la chance de faire de bons placements. Mais n’est pas tout le monde qui peut en dire autant. Malgré tout, même avec des revenus relativement modestes, la personne qui vit selon ses moyens s’endort le soir beaucoup plus sereine que la personne riche incapable de régler le solde de ses cartes de crédit.

Enfin et surtout, prendre la vie du bon côté. Dans les années 1950, le chanteur Perry Como a interprété un véritable petit bijou : « Catch a falling star/Put it in your pocket/Save it for a rainy day » J’en ai fait mon leitmotiv. Que tout devient plus facile quand on voit le ciel bleu quand il tonne et quand il pleut (je reprends ici la chanson-thème des Joyeux troubadours, de regrettée mémoire). Cela ne vaut pas dire qu’il faut voir la vie avec des lunettes roses. Notre Justin national s’en charge. La vie a des moments difficiles. Il y a les mille petits tracas de la vie quotidienne. Nous émergeons à peine de deux pénibles années de COVID-19. L’Ukraine est à feu et à sang. Il y a Trump !!! Mais à travers tout cela, savoir apprécier les bons moments de la vie, c’est certainement une excellente façon de bien vieillir.

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