Le 7 février dernier, les données sur les médicaments de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) nous apprenaient que la consommation d’antidépresseurs chez les enfants de moins de 14 ans avait fait un bon de 28 % au cours des deux dernières années.

Lorsque nous regardons d’un peu plus près, les moins de 4 ans ont connu une hausse de 85 %, les 5 à 9 ans, une hausse de 14 %, et les 10 à 14 ans, une hausse de 31 %. Bien sûr, cette tendance à la médicalisation de l’enfance était déjà bien présente avant la pandémie. C’est d’ailleurs une des principales raisons pour lesquelles je m’implique autant dans le domaine et que j’ai entrepris le mouvement de la neurodiversité dans la francophonie. Cependant, cette hausse fulgurante demeure particulièrement inquiétante. La tangente que prend la pandémie ne présage rien de constructif ni de créatif pour améliorer la santé psychologique et physique de nos enfants. Au contraire, nous semblons y trouver une certaine normalité et un certain confort à médicaliser les émotions de nos enfants.

Avons-nous seulement conscience de ce que nous faisons avec nos enfants ?

Que souhaitons-nous transmettre à nos enfants ? Que la solidarité et l’altruisme sont d’être soi-même en souffrance ? Que la collectivité est plus importante que leurs besoins de base fondamentaux ? Qu’ils doivent ignorer leurs émotions et leurs besoins ? Qu’ils doivent taire leur détresse ? Qu’ils doivent prendre des médicaments lorsqu’ils sont en souffrance ?

Bien que la médication puisse avoir une portée positive à court terme dans certaines situations urgentes, elle a des conséquences sur la santé physique et psychologique des jeunes. Ce sont des médicaments puissants que nous proposons à de très jeunes enfants. Cette médication a un impact sur le développement de leur cerveau et entrave son développement normal. La maturation cérébrale ralentit et, dans certains cas, la maturation s’éteint complètement dans certaines régions. C’est la réalité de la médication psychiatrique chez les jeunes qui ont un cerveau en plein développement. Imaginons les conséquences désastreuses sur des enfants à peine âgés de 3 ans.

En plus de la médication qui empêche la croissance de leur cerveau, l’environnement dans lequel ils grandissent depuis deux ans va à l’encontre de leur développement affectif et social. L’environnement influence également la croissance cérébrale.

Nos enfants vivent en situation de stress chronique depuis des mois. Le stress chronique est toxique pour leur cerveau en développement. Leurs besoins fondamentaux ne sont pas comblés et, pire, les mesures sanitaires qui leur sont imposées freinent leur élan de vie. Nos enfants s’éteignent. Ils meurent de l’intérieur.

Nos enfants ne sont pas malades. Nos enfants ne souffrent pas de maladies mentales. Nos enfants évoluent dans un environnement qui ne répond pas à leurs besoins fondamentaux et qui est donc incompatible avec leur développement. Leur environnement actuel brime et réprime leur développement naturel et spontané. Leur cerveau et leur corps entier réagissent à cet environnement inadapté. Nos enfants ne peuvent plus s’adapter à leur environnement et leur cerveau tire la sonnette d’alarme. Le message est clair : ça ne va pas, mes besoins fondamentaux ne sont pas comblés, aide-moi.

Faute de ressources sociales et faute de pouvoir modifier leur environnement, nous médicalisons leurs émotions et leurs besoins. Nous les engourdissons et les droguons en espérant qu’ils ne ressentent plus leur grande souffrance et qu’ils guérissent. Or, comment cela pourrait-il être possible si leurs ressentis sont engourdis et que l’environnement dans lequel ils continuent d’évoluer leur fait violence quotidiennement ?

Ces enfants ont besoin de contacts physiques et de liens d’attachement. Ils ont besoin de se sentir respectés, en sécurité, libres. Ils ont besoin d’exprimer leur spontanéité et leur créativité. Ils ont besoin de bouger sans restriction. Ce ne sont pas des caprices ni de l’égoïsme. C’est la nature profonde des enfants.

Notre jeunesse est un grand enjeu de santé publique, et c’est maintenant que nous devons agir.

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