Depuis deux ans, la pandémie nous a privés de moments précieux. Profiter de la nature a été un remède miracle pour plusieurs personnes pendant cette période difficile. Qui sait ce que le futur nous réservera ? Il n’y aura pas de retour en arrière possible si nous permettons la destruction de ces milieux naturels. Ouvrons-nous les yeux sur l’importance de préserver ces derniers grands espaces verts en milieu urbain.

Nous, Mères au front de Rosemère et des environs, ajoutons notre voix et celles de nos enfants, encore trop jeunes pour être entendus démocratiquement, à la demande d’un moratoire sur les changements d’affectation des anciens terrains de golf. Depuis plus de 18 mois, il y a une forte mobilisation de parents, de grands-parents et d’enfants qui militent pour la protection de l’ancien golf de Rosemère, un site remarquable de 60 hectares. Le cas de Rosemère n’est pas unique. Les municipalités de Candiac, Chambly, Belœil, Montréal (Meadowbrook et Anjou), Terrebonne, Brossard, La Prairie et Saint-Jean-sur-Richelieu, entre autres, disposent toutes d’un golf en transition sur leur territoire et s’opposent elles aussi à leur ensemble résidentiel. Dans une lettre envoyée récemment à la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, nous sommes 64 Mères au front, représentant près de 200 personnes, à solliciter une prise de décisions audacieuses afin que soient protégés ces précieux espaces verts, notamment pour contrer les effets de la crise climatique. L’avenir de nos enfants, de nos petits-enfants et des générations futures est en jeu. Nous demandons de placer leurs besoins au-dessus des intérêts pécuniaires des promoteurs immobiliers et de la volonté d’élus municipaux favorables au développement immobilier à tout prix, dictée par un régime fiscal basé sur la taxe foncière, système qui a démontré son incapacité de soutenir le développement durable de nos territoires.

Il est primordial de préserver ces vastes îlots de fraîcheur que sont les sites des anciens golfs, surtout en milieu urbain. Une réforme de la Loi sur l’expropriation est grandement attendue par le milieu municipal.

La révision de ce cadre législatif, au bénéfice de l’intérêt collectif, contribuerait à maintenir ces sites en espace vert de manière pérenne. D’un point de vue de santé publique, de préservation de la biodiversité et de services écologiques rendus, il est impensable de se départir de ces espaces pour permettre l’enrichissement de quelques individus. Ces espaces constituent un patrimoine collectif inestimable et irremplaçable. Comme c’est le cas à Rosemère, la disponibilité d’espaces vacants et à requalifier en milieu urbain, excluant les terrains de golf, représente des opportunités considérables en vue de combler les projections démographiques sur plusieurs décennies. Privilégions le réaménagement de ces superficies déjà artificialisées et bétonnées avant de détruire les espaces verts qui représentent souvent des refuges pour maintes espèces, dont certaines au statut précaire. Pour certaines villes comme Rosemère, les sites des anciens golfs représentent de réels poumons, ornés d’arbres centenaires qui aident à filtrer l’air des autoroutes et boulevards adjacents et à réguler le cycle de l’eau, rôle important notamment avec la perspective d’inondations plus fréquentes. N’est-ce pas l’héritage que nous souhaitons léguer aux générations futures ?

À l’heure où il faut reconnaître l’urgence environnementale, nous avons la responsabilité de bâtir un avenir sain et sécuritaire pour nos enfants. La future Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire, qui sera publiée ce printemps, offre l’occasion de revoir nos priorités pour se doter de milieux de vie durables, sains et de qualité pour le mieux-être de tous. Ainsi, nous comptons sur la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation pour intervenir avec diligence dans ce dossier et adopter une position juste, verte et durable en imposant un moratoire sur les changements d’affectation des anciens terrains de golf. Le statu quo n’est pas une option. Nous avons collectivement trop à perdre.

*Mères au front est un regroupement de mères qui prennent la parole au Québec et à l’international au nom de leurs enfants afin d’influencer les dirigeants sur l’urgence d’agir face aux bouleversements climatiques.

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