Le monde qui s’accélère a laissé un trop grand nombre de nos régions dans un no man’s land technologique. On s’étonne encore, en 2022, de parcourir les routes du Québec et de « perdre le signal » en pleine discussion téléphonique. Pour les habitants des grandes villes, ces situations génèrent des anecdotes amusantes à raconter, mais pour les gens des régions, ça devient de plus en plus difficile à supporter.

Pour s’en convaincre, il suffit d’imaginer la ville de Montréal sans desserte cellulaire ; comment son économie pourrait-elle fonctionner ? Comment pourrait-elle concurrencer ses rivales ? Peut-on imaginer des quartiers desservis alors que d’autres ne le sont pas ? Poser ces questions, c’est comprendre ce que vivent la majorité des 1020 membres de la Fédération québécoise des municipalités (FQM).

Les gouvernements doivent impérativement mettre fin à l’absurdité d’un service de téléphonie cellulaire inégal, défaillant et qui freine sérieusement le développement de nos régions, lorsqu’il ne menace pas la sécurité même des citoyens et des citoyennes.

Doter toutes les régions des mêmes infrastructures essentielles à leur développement n’est pas une question de juridiction, mais de leadership et de volonté politique.

L’internet haute vitesse l’a démontré. Le fédéral est responsable de l’encadrement légal et réglementaire des communications, mais c’est le Québec qui a pris les devants en lançant l’Opération haute vitesse, parce que c’est du développement. La volonté de l’actuel premier ministre du Québec, François Legault, fut d’ailleurs remarquable à ce chapitre : son engagement phare de 2018 de brancher tous les Québécois à l'internet haute vitesse dans le présent mandat et sa décision de rapatrier à son bureau les effectifs gouvernementaux associés à ce dossier permettront d’atteindre les objectifs fixés en septembre prochain. Sa détermination aura aussi amené le premier ministre Justin Trudeau à associer son gouvernement à la démarche québécoise en annonçant un investissement de 417 millions de dollars le 22 mars 2021.

Comme pour l’internet haute vitesse, la solution, c’est maintenant. En effet, le déploiement de la fibre rend maintenant possible le service cellulaire partout au Québec à un coût raisonnable. Aussi, il faut profiter de la situation pour faire du Québec la seule région en Amérique du Nord dotée des moyens de communication les plus modernes actuellement disponibles. Les Québécois sont créatifs !

Imaginez donc le potentiel économique des régions si elles étaient branchées complètement par l’internet et le réseau cellulaire.

On souligne à grands traits les besoins de robotiser certaines opérations afin d’améliorer la productivité de nos secteurs d’activités ; imaginez alors les gains possibles dans les domaines de l’agriculture, de la foresterie, de l’acériculture, des mines et bien d’autres ! Messieurs Legault et Trudeau l’ont bien compris et c’est pour cette raison qu’ils se sont associés l’an dernier. Nos discussions nous ont permis de comprendre que la même ouverture existe pour la couverture cellulaire, confirmant ainsi que le développement et l’occupation des territoires sont possibles lorsque les deux niveaux de gouvernement s’entendent.

Le réseau cellulaire sera la priorité des régions pour les prochaines années. À titre de porte-parole des régions, la FQM déposera dans les prochains jours ses demandes budgétaires au ministre des Finances du Québec et ce dossier sera en tête de liste. Dans ce document, nous indiquerons qu’il faut d’abord produire un portrait réel de la situation et ensuite procéder par étapes. Si une cartographie exacte et complète de la couverture avait été faite dès le départ pour l’internet haute vitesse, le dossier aurait été réglé beaucoup plus rapidement. Nous devons cartographier toutes les régions pour identifier les zones qui demeurent à couvrir. Par la suite, il sera beaucoup plus facile de déployer efficacement la bonne technologie dans les endroits clés. Notre document budgétaire contiendra donc une demande d’engagement pour que tous aient accès rapidement au service cellulaire. Ce sujet sera aussi l’élément phare de notre plateforme électorale pour les prochaines élections québécoises, et les 1020 membres de la Fédération seront alors mobilisés pour demander aux candidats de prendre position sur le sujet.

L’internet haute vitesse et le réseau de téléphonie cellulaire sont maintenant aussi essentiels au développement que le furent le développement du réseau routier et l’électrification à leur époque. Le Québec n’a jamais été aussi bien positionné, il faut foncer et prendre les devants !

*Maire de Sainte-Catherine-de-Hatley et préfet de la MRC de Memphrémagog

Lisez l’article d’Ariane Krol dans la section Actualités

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