Je le répète chaque année : je déteste cette journée !

Je souffre d’un trouble anxieux généralisé (TAG). Ça veut dire que mon cerveau fixe le négatif. Il fabrique du souci, de l’inquiétude. Il a tout le temps peur. Le problème avec le cerveau d’une personne atteinte du TAG est qu’il n’arrive pas à distinguer ce qui est un vrai danger de ce qui n’en est pas un. Il voit des mammouths partout.

À 16 ans, j’étais convaincue que j’allais mourir d’une crise cardiaque. Tellement que mon corps pouvait simuler des malaises au niveau du cœur. J’ai commencé à faire de l’agoraphobie. Des attaques de panique dans des lieux publics. Ça n’a pas été facile pour poursuivre mes études au cégep et à l’université, mettons… C’est là que j’ai vu que les gens ne comprenaient pas ce que je vivais. Je demandais de l’aide à des compagnons de classe parce que je manquais les cours du matin (prendre le métro à l’heure de pointe, c’était carrément impossible), mais on me trouvait paresseuse. J’avais juste l’air de quelqu’un qui ne veut pas se lever le matin.

Je sais, c’est mon cerveau qui me jouait des tours. Mes proches, ne sachant pas ce que je vivais et croyant bien faire, me disaient : « Ben, voyons, calme-toi ! » Si seulement ç’avait été si simple…

Après des années de ce combat intérieur, j’ai rencontré un médecin fabuleux qui m’a dit : « Tu essaies d’arrêter par toi-même un train qui roule à toute allure. On va t’aider. » Et ce fut la médication et une psychothérapie.

Ç’a été long, mais je pense que je suis arrivée à un bon équilibre mental. Je garde la médication. J’ai essayé d’arrêter, mais ça demande trop.

Crise de panique

Évidemment, mon cerveau reste toujours un cerveau d’anxieuse. Ce qui fait qu’il en arrache s’il y a trop de choses difficiles à gérer. C’est ce qui est arrivé en 2018 alors que j’étais enseignante dans une école secondaire. J’arrivais mal à gérer mes trois groupes de français de 3e secondaire. J’essayais de rester calme, mais j’avais toujours peur qu’ils prennent le dessus. Je me sentais bien petite et bien seule. Le pire était le sentiment de ne pas pouvoir aider ceux qui en avaient besoin. J’étais trop occupée avec les « tannants ». Un jour, ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé, mais au moment d’aller en classe, je me suis sentie mal. Convaincue que je faisais une crise cardiaque… Hôpital, examens, résultat : c’était une crise de panique…

D’où un congé de maladie pour dépression. C’est sûr que je n’allais pas bien. Ça a pris de longs mois à guérir. Et j’ai pensé, à tort, que je pouvais en parler à des collègues que je croyais des amies.

Un jour, elles m’ont annoncé qu’elles ne voulaient plus de liens avec moi parce que je les déprimais trop. Vous savez, le fameux : je ne veux que du positif dans ma vie, alors j’éloigne ce qui est négatif… Le négatif, c’était moi. Et mon foutu cerveau défectueux.

Alors, imaginez ma réaction lorsque ces fameuses fausses amies ont affiché leur photo de profil avec le logo de Bell pour annoncer leur soutien à la recherche en maladie mentale !

C’est donc ça que je veux vous dire aujourd’hui : appuyer Bell cause pour la cause, c’est bien. Mais rester aux côtés d’une personne en souffrance, c’est mieux. Souvent, la personne atteinte a juste besoin d’une oreille attentive, et, surtout, d’absence de jugement. On fait notre gros possible pour être normal, croyez-moi.

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