Souvent, on pense que la misère humaine est loin de nous ! Il y en a des pires que nous ! On se compare avec les pays les plus riches et les pays les plus pauvres et on se dit : « De quoi je me plains… le ventre plein ! »

Un séjour à l’hôpital, en pleine pandémie, m’a ouvert les yeux sur une réalité que j’avais sous-estimée ! Quelles que soient les conditions économiques et sociales, la misère se retrouve dans tous les paliers de la société. La détresse humaine existe à l’état pur quand les forces physiques s’amenuisent et que les soins requis nous isolent de ceux et celles qu’on aime. Quand notre espace vital est envahi par les cris et les douleurs de nos voisins. Quand le nécessaire pour survivre se fait rare. Quand l’inquiétude et l’ignorance de ce qui nous arrive font surface. Quand l’isolement et la maladie mentale nous empêchent d’être en contact avec la réalité.

Quand on a perdu toute autonomie et que l’on dépend de l’aide des autres qui ne vient pas, j’appelle ça la misère humaine. Il y a une misère au-delà de l’avoir et du faire. Il y a la misère de l’être.

Et c’est à cette souffrance que j’ai été confrontée lors de mon séjour à l’hôpital. La promiscuité, la désorganisation des services, l’épuisement professionnel des intervenants, le sentiment d’être dépassée par les évènements, le délestage même pour les cas d’urgence… rendent le travail des infirmières, des préposés, des médecins et de toute l’équipe hospitalière héroïque. La patience, l’attention chaleureuse aux patients, les soins de base donnés avec respect et compassion, le souci de traiter chaque personne avec le plus de qualité et de présence possible relèvent d’un tour de force admirable. Travailler dans des situations irritantes sans faire sentir aux malades sa fatigue et son épuisement, c’est exemplaire.

J’ai vu la richesse d’entraide entre collègues de tout niveau, de toute origine et de toute génération. J’ai rencontré des jeunes femmes venant à la rescousse du système de santé avec le souci d’enseigner à leurs enfants les valeurs d’entraide, de générosité et de respect des personnes.

J’ai vu tant de belles personnes choisir de travailler au cœur de la misère humaine d’ici avec un cœur grand comme le monde. Des anges de bonté venus de partout pour nous aider et nous aimer.

C’était à l’hôpital de Saint-Eustache…

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