Après deux ans de pandémie, il est surprenant de constater que le gouvernement québécois n’a pas fait les mêmes constats que la grande majorité des démocraties occidentales.

Parmi ces constats, il y a celui que la COVID-19 est une maladie permanente – extrêmement contagieuse et heureusement peu létale avec la vaccination – que des mesures de confinement, même sévères, ne permettront pas d’endiguer.

L’autre constat manquant est plus pernicieux, mais s’impose après deux ans. La fermeture constante de la société permet de pérenniser la médiocrité dans la gestion du système de santé.

En effet, bien que cela soit vraisemblablement inconscient, l’ankylose de notre système de santé est encouragée par le fait qu’il y ait un contrat social implicite avec le gouvernement : dès qu’il y a fragilité dans le réseau, on paralysera toutes les autres activités socioéconomiques pour vous préserver.

Or, plutôt que d’adapter la société au système de santé à coups de couvre-feu, il serait temps de considérer adapter le système de santé à la pandémie.

Il est inadmissible, à ce stade-ci de la pandémie, que le gouvernement navigue encore à vue, notamment quand vient le temps de connaître des données cruciales.

En particulier, l’impossibilité de connaître le nombre de patients hospitalisés POUR la COVID-19 plutôt que les patients hospitalisés AVEC la COVID-19 est une faute grave. Cette proportion de patients hospitalisés et qui ont « fortuitement » la COVID-19 est très élevée sur le terrain, et la connaissance précise de cette proportion pourrait changer significativement la trame narrative sur l’évolution du variant Omicron.

Il est également inacceptable qu’après deux ans, cela prenne souvent plusieurs jours pour que des gens infectés et symptomatiques soient avisés d’un résultat de dépistage positif.

N’étant pas expert en santé publique, je me retourne généralement vers l’expérience des autres pays pour tenter de comprendre quelles pistes de solution existeraient afin d’éviter de vivre dans une des sociétés simultanément les plus vaccinées et les plus confinées.

Il est certain que différentes nations ont des niveaux différents de tolérance au risque et de sclérose syndicale. Mais les coûts psychosociaux des confinements sont si élevés qu’il faut oser des solutions plus audacieuses et créatives ici aussi.

Il faudrait notamment considérer de limiter la durée de l’isolement des personnes infectées asymptomatiques dans l’ensemble de la société, pas seulement dans le système de santé.

Il serait également important de réévaluer la pertinence de procéder au dépistage COVID-19 des personnes asymptomatiques. D’une part, ce désengorgement pourrait permettre d’aviser plus rapidement les personnes positives et symptomatiques, qui sont souvent plus contagieuses. De plus, diminuer l’obsession du dépistage et du nombre de cas permettrait de libérer énormément de soignants, qui pourraient effectuer d’autres tâches.

Enfin, il est surprenant que le Québec, contrairement à plusieurs nations, n’ait pas envisagé plus sérieusement la création d’hôpitaux voués à la COVID-19. En sortant la COVID-19 des hôpitaux traditionnels, on pourrait créer des systèmes parallèles où les périodes de pointe de l’un et de l’autre ne seraient pas interreliées.

Si les confinements successifs ont permis au système de santé de respirer, ce sont maintenant nos entrepreneurs, nos artistes, nos restaurateurs et nos enfants qui ont besoin d’oxygène.

Il faut insuffler plus de pragmatisme dans notre approche à la pandémie et y adapter notre société plutôt que de la fermer perpétuellement.

La première chose que j’ai apprise en médecine, c’est que la santé n’est pas que physique.

Souhaitons que notre société n’oublie pas de prendre soin de sa santé psychosociale en 2022.

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