En tant que responsables de la formation d’un programme de résidence en médecine, nous avons été grandement interpellés par l’article intitulé « La médecine de famille boudée », paru dans La Presse+ le 2 juin 2021*.

La problématique des postes non pourvus en médecine de famille au Québec n’est pas nouvelle. Nous tenons cependant à apporter une nuance. Pour le réseau de l’Université de Montréal, l’enjeu ne se situe pas du côté des grands centres comme Montréal et les environs, mais bien pour les unités d’enseignement (GMF-U) situées dans les régions éloignées telles que l’Abitibi, la Gaspésie et les Hautes-Laurentides. La dernière fois que le programme de l’Université de Montréal n’a pas pourvu la totalité de ses postes urbains en dehors de Trois-Rivières remonte à 2011.

Beaucoup d’efforts ont été entrepris ces dernières années pour mieux renseigner les étudiants quant à leurs options et les convaincre d’aller à l’extérieur de Montréal.

L’excellence de la formation et la possibilité de développer un champ de pratique élargi ne semblent toutefois pas suffisantes pour les convaincre de quitter la ville. Pourtant, quand ils finissent par aller en région, souvent ils y restent plusieurs années pour y travailler comme médecin.

L’attrait de la médecine de famille demeure un enjeu lors du choix de carrière des étudiants en raison de sa complexité. Aujourd’hui encore, 13 % de nos résidents finissants de l’an dernier auraient préféré faire une autre spécialité que la médecine de famille. Cinquante-huit pour cent citent aussi le fait qu’ils ne se sentent pas reconnus pour leur expertise par les autres spécialistes et seulement 58 % sont en accord avec l’affirmation : « Le gouvernement perçoit la médecine familiale comme essentielle au système de soins de santé. »

Il apparaît donc clair que si l’on veut former plus de médecins de famille au Québec, il ne suffit pas d’offrir plus de places.

Coordonner les efforts

En tout premier lieu, il faut coordonner les efforts de tous les partenaires, particulièrement les universités, les CIUSSS, les CISSS et le MSSS. Les étudiants remarquent ce qui se passe sur le terrain.

Par exemple, plusieurs de nos milieux d’enseignement n’ont pas les espaces suffisants pour permettre des expériences éducatives optimales.

Si nous voulons faire une démonstration positive et attirante de notre spécialité, une modernisation des structures est un bon premier pas.

Il serait aussi souhaitable d’exposer tous les étudiants à une pratique en région plus tôt et plus souvent au cours de leur formation, d’augmenter leur exposition à des médecins de famille et de mettre en place des processus d’admission qui favorisent les étudiants s’intéressant à une pratique de médecine de famille.

Finalement, il est important que tous les partenaires adoptent un discours qui valorise cette spécialité comme une spécialité médicale prestigieuse qui est à la base de notre système de santé et qu’ils en fassent la promotion.

Qu’il soit en ville ou en région, chaque poste non pourvu apporte son lot de difficultés pour les milieux visés, tant pour les équipes enseignantes que pour les patients qui ont accepté d’être suivis dans les GMF-U.

Nous sommes convaincus qu’un nouveau modèle peut se dessiner au Québec, si tous les intervenants impliqués, y compris les futurs médecins de famille, travaillent ensemble à le définir.

Et la faculté de médecine de l’Université de Montréal sera au rendez-vous pour continuer à valoriser cette spécialité et apporter des solutions concrètes à cette pénurie.

*Lisez « La médecine de famille boudée »

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