À l’heure actuelle, les professionnels en éducation sont toujours en négociation de leurs conditions de travail. Les médias ont beaucoup abordé la réalité du monde scolaire du point de vue des enseignants. Bien naïvement, nous avons cru que le gouvernement comprendrait que les conditions de plus en plus difficiles concernaient également l’ensemble des acteurs en éducation.

Nous avons mis les besoins des élèves à l’avant-plan sans trop aborder nos propres défis dans ce milieu qui a bien changé dans les 20 dernières années. À tel point qu’aujourd’hui, nous regardons le traitement que le gouvernement s’apprête à nous servir et nous constatons qu’on nous traite avec bien peu d’égard.

Les enseignants ont dit à quel point ils avaient besoin des services professionnels pour les appuyer dans leur tâche enseignante, mais plus encore, les élèves ont terriblement besoin des services professionnels.

Ne pas rémunérer de façon équitable les différents corps d’emploi au sein d’une même organisation équivaut à ne pas reconnaître la valeur des professionnels.

Comment les conseillers d’orientation ont pu passer d’un traitement salarial légèrement plus élevé que celui des enseignants à un écart déficitaire qui se chiffrerait à 10 000 $, selon l’offre actuelle du gouvernement ? Comment est-ce possible alors que la tâche s’est pourtant alourdie en termes de complexité et d’augmentation des responsabilités ?

L’absurdité de la situation réside aussi dans le fait que pour de nombreux professionnels, le niveau de scolarité requis est le deuxième cycle universitaire alors qu’il est de premier cycle pour les enseignants. Ce que nous désirons, c’est le bien-être des élèves dans un cadre de travail agréable qui reconnaisse nos compétences tout en étant traités équitablement.

Des recherches ont démontré que les études secondaires ont plus de sens pour un élève qui a des objectifs professionnels clairs ; par conséquent, la motivation scolaire est accrue.

N’est-ce pas une des visées principales du ministère de l’Éducation, d’accroître la diplomation ? Aider un élève à trouver un projet d’études contribue de façon directe à cet objectif. Derrière chaque demande peuvent se cacher des difficultés importantes que nous considérons dans nos interventions et qui font de nous des professionnels de l’évaluation et de la relation d’aide.

Pénurie et surcharge

Les dernières années ont amené une pénurie dans certains corps d’emploi, notamment des psychologues. Il faut savoir que dans certaines écoles, lorsque le psychologue est en congé, nous n’arrivons pas à le remplacer. De sorte que les élèves sont privés de ce service, et ce, parfois pendant plusieurs années. Alors, qui prend le relais pour soutenir les élèves ? Les autres professionnels de l’école (ex. : psychoéducateurs et conseillers d’orientation). La surcharge est devenue le lot de notre quotidien. Alors quand nous entendons le premier ministre parler de bien maigres augmentations de salaire, permettez-nous d’anticiper le pire des scénarios qui poussera de nombreux professionnels à quitter le milieu de l’éducation. Ce seront les professionnels qui demeureront en poste qui verront leur tâche s’alourdir.

Allons-nous reproduire ici la situation qui s’est vécue en santé alors que le ministre de la Santé de l’époque (médecin de profession) avait offert une augmentation de salaire substantielle aux médecins, à tel que point que certains médecins l’avaient eux-mêmes dénoncée ? Maintenant que nous avons un ministre de l’Éducation qui était enseignant, est-ce que nous devons comprendre qu’on privilégie ce groupe d’emploi au détriment des autres ? Quel impact aura cette iniquité sur le climat de travail ? Bien honnêtement, nous craignons que la réalité du monde de l’éducation s’assombrisse encore un peu plus.

* Cosignataires, conseillères et conseillers d’orientation au Centre de services scolaire des Patriotes : Chantale Bureau, Isabelle Marchand, François Bernier, Nathalie Lassonde, Annick Marcil, Judith Laniel, Isabelle Dalpé, Eve d’Anjou, Valérie Nadeau, Marie-Maude Brien, Mélissa Bégin, Anne-Marie Deschamps, Émilie Lamothe, Sophie Lavoie, Pascale Blanchet et Patrick Jeannotte

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