Selon le schéma traditionnel au Québec, le récent jugement de la Cour suprême confirmant la constitutionnalité de la tarification sur le carbone (la « taxe carbone ») suscitera la grogne des nationalistes et la joie des fédéralistes, y voyant, pour l’un, une attaque à l’autonomie des provinces, et pour l’autre, une confirmation de la primauté du palier fédéral.

Je propose de sortir de ce scénario écrit d’avance, aussi prévisible que lassant. Et si, au lieu de se crêper le chignon comme d’habitude, nous tentions une autre approche ? Si nous sortions de l’ornière pour voir l’enjeu autrement ?

En ce moment, sur Netflix, nous pouvons visionner New Amsterdam, excellente série offerte en version française, qui se déroule dans un hôpital de New York. On y suit les traces d’un nouveau directeur général qui désire faire bouger les choses et révolutionner la manière de rendre les services dans cet hôpital public, réputé comme lent et lourd.

Qu’à cela ne tienne. Au lieu de l’impuissance bureaucratique, le personnage principal choisit le volontarisme. Ainsi, toutes les demandes pertinentes d’un membre du personnel soignant, d’un département, d’une instance sont accueillies avec un généreux : « Comment puis-je vous aider ? », au lieu d’un : « Il n’y a rien à faire, la machine est bloquée. »

Son seul critère pour trancher ? L’amélioration des services offerts aux patients. Et, par-dessus tout, la volonté inébranlable de remplir adéquatement la mission de l’hôpital public qui, rappelons-le, dans l’écosystème américain, se doit d’aider tous les patients, qu’ils soient riches ou pauvres, républicains ou démocrates, et qu’ils aient une assurance ou non.

Cette série nous ramène aux fondamentaux de ce qui fait toute la beauté de l’humain, malgré ses nombreux travers, en exaltant, sans mièvrerie, les valeurs de compassion, d’entraide et d’empathie qui nous animent tous.

New Amsterdam m’a ramené, moi aussi, aux fondamentaux et m’a rappelé La République de Platon. Discutant de ce qui fonde une société idéale, le philosophe arrive à la conclusion qu’une saine gouvernance ne peut se faire que lorsque le leader place l’intérêt du gouverné devant le sien. Lorsque le bien commun est au-dessus de son intérêt personnel.

Un pour tous, tous pour un

Le moment ne serait-il pas propice, après cette pandémie qui nous a volé tant de parents, d’amis, de proches et, disons-le, de ressources, que les hommes et les femmes politiques, tous paliers de gouvernement confondus, adoptent un seul et même critère dans l’exercice du pouvoir, soit l’intérêt du citoyen ? Ne serait-il pas tant que nos décideurs, à l’instar du personnage cité plus haut, demandent haut et fort : « Comment puis-je vous aider ? »

La crise actuelle exige le meilleur de nous. Elle exige de sortir de nos réflexes conditionnés et de commencer, tous paliers confondus, à véritablement travailler ensemble pour le bien de tous.

Question fâcheuse : un aîné québécois est-il différent d’un aîné albertain, ontarien ou autochtone ? Bien sûr que non. Ils ont tous besoin de services de qualité, adaptés à leurs besoins.

Dans ces circonstances, il me semble, l’intérêt commun commande de cesser les chicanes sur la place publique et de retrousser ses manches afin que chaque Canadien soit traité avec la même qualité de services et de soins, la même dignité et le même respect, au-delà des considérations partisanes des uns et des autres. Un sondage récent confirme mon intuition : plus de 60 % des personnes aînées canadiennes font de l’amélioration des normes nationales sur les soins de longue durée une priorité.

L’heure n’est pas au tirage de couverture, alors que des humains meurent et souffrent chaque jour. Les chicanes de juridiction sont indignes dans le contexte actuel. Politiciens, politiciennes, mettez de côté vos intérêts personnels ou partisans et remettez le citoyen au cœur de vos priorités. Faute de quoi les électeurs s’en souviendront aux prochaines élections.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion