Nous avons demandé à différentes personnalités ce qu’elles souhaitaient trouver dans leur bas de Noël cette année.

Lorsque mon père me parlait de la grande dépression des années 30, il mentionnait, avec les yeux brillants d’un petit gars de 10 ans, l’orange qu’il avait à quelques occasions retrouvée en guise de cadeau dans son bas de Noël. Les conséquences de la crise économique avaient marqué sa jeunesse. Quinzième d’une famille de 17 enfants, il avait d’ailleurs dû cesser de fréquenter l’école en quatrième année. Mais comme il se plaisait à le rappeler, cette période avait néanmoins été à l’origine plusieurs mesures sociales importantes pour sa génération, dont la création de l’assurance-emploi.

Nous avons déjà des choses à raconter sur les changements en éducation provoqués par la pandémie. Cinq « mutations positives » font partie de notre narratif des 22 derniers mois et sont susceptibles, si nous savons saisir les occasions qu’elles offrent, d’améliorer de manière durable le bien-être et la réussite scolaire de nos enfants et de nos adolescents.

Le Québec a d’abord rarement été aussi préoccupé par la santé mentale de ses jeunes. L’augmentation de l’anxiété, des troubles alimentaires et de l’isolement social, particulièrement de nos adolescents, ne sont que quelques-unes des craintes exprimées par les pédiatres, les psychologues, les enseignants et les parents. Nous avons l’occasion dès 2022 de continuer à développer notre littératie en santé mentale pour reconnaître rapidement les signes qu’un jeune, ou un adulte de l’école, ne va pas bien. Offrir une formation de premiers soins en santé mentale à tous les intervenants œuvrant dans les écoles et les collèges permettrait de pérenniser la prévention des problèmes émotifs et comportementaux à l’école.

La période de fermeture des établissements scolaires a provoqué un apprentissage à la vitesse grand V de l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC), tout particulièrement pour l’enseignement en ligne. Les mots Zoom, Teams et présentiel, pour ne nommer que ceux-là, font maintenant partie de notre vocabulaire. La conjoncture est ici excellente pour accélérer et mieux soutenir la recherche sur l’utilisation optimale de ce type d’enseignement, sa valeur ajoutée et les pratiques exemplaires en formation des maîtres.

Le Québec s’est également distingué des autres systèmes éducatifs nord-américains par sa détermination à maintenir ses écoles ouvertes et par la diversification des formes d’aide offerte aux jeunes en difficulté ou en retard scolaires. En plus de bonifier les services d’Alloprof, la création du programme national de tutorat a de toute évidence contribué à diminuer les retards scolaires.

S’il y a une occasion à saisir dans la prochaine année, c’est bien celle de poursuivre dans la même foulée et d’intensifier, entre autres pour prévenir la « glissade de l’été », nos interventions auprès des jeunes qui sont les plus vulnérables.

L’impact de la fermeture temporaire des écoles sur les élèves handicapés et en difficultés d’adaptation et d’apprentissage a accéléré la remise en question de notre manière d’identifier et d’aider les jeunes ayant des besoins particuliers. Dès septembre 2020, les ordres professionnels de l’éducation ont d’ailleurs unanimement affirmé que la priorité était d’offrir des services directs à ces élèves plutôt que de les évaluer à des fins administratives. Nous devons consacrer définitivement en 2022 ce changement d’orientation en prenant nos distances du modèle reposant sur un diagnostic médical, cessant de devoir cataloguer, voire d’étiqueter des élèves pour leur offrir des services éducatifs.

Enfin, nous n’avons probablement jamais, comme société, autant valorisé le travail des scientifiques. C’est d’ailleurs grâce à la recherche fondamentale et appliquée des deux dernières décennies que des vaccins ont pu être si rapidement développés. Tout comme pour la santé publique, nos décisions et nos interventions en éducation doivent à l’avenir reposer d’abord sur la recherche et prendre comme référence pour nos actions les pratiques exemplaires qui ont été implantées et évaluées au Québec et ailleurs. Pour ce faire, la création en 2022 d’un institut national d’excellence en éducation (INEE) demeure toujours aussi importante.

Les grandes perturbations créent un climat propice aux avancées sociales importantes. Faisons en sorte de pouvoir nous aussi raconter aux plus jeunes, dans quelques années, qu’à la suite de la grande pandémie de la COVID-19, plusieurs choses se sont améliorées en éducation.

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