Une cinquième vague. Aux portes des établissements comme la Mission Old Brewery, un variant jusqu’à quatre fois plus contagieux. Il n’a pas encore franchi notre seuil, mais il le fera presque assurément. Or, les personnes sans-abri sont plus de 20 fois plus susceptibles que la population générale d’être hospitalisées à cause de la COVID-19, et 10 fois plus susceptibles d’être admises aux soins intensifs. Plus terrifiant encore : leur taux de mortalité est 5 fois supérieur dans les 21 jours suivant le diagnostic.

Le variant Omicron va atteindre les personnes sans-abri. D’abord, la majorité vivent dans des refuges, mangent dans des cafétérias et partagent des pièces communes : cette vie communautaire facilite la propagation d’un virus agressif. Deuxièmement, la nourriture et le logement sont les priorités de la plupart des personnes sans-abri, et non le port du masque, la distanciation et le lavage des mains. Troisièmement, une majorité de ces personnes présentent des affections complexes qui entravent leur capacité à suivre les protocoles de santé publique.

Les personnes sans-abri sont donc plus susceptibles d’être infectées et beaucoup plus susceptibles d’être hospitalisées et de mourir après avoir contracté la maladie. Cette réalité affecte la société en entier, étant donné que les lits d’hôpitaux sont très précieux.

Connaissant la vulnérabilité de la population sans-abri et son impact disproportionné sur le système de santé, voyant les campements de fortune se reformer dans les grandes villes, qu’ont fait les gouvernements pour se préparer à l’impact d’Omicron sur la population sans-abri et le minimiser ? La réponse est simple : « pas assez ».

L’exemple de l’hiver dernier

L’hiver dernier, des centaines de personnes en situation d’itinérance ont contracté la COVID-19 durant les fêtes de fin d’année. L’infection s’est rapidement propagée, entraînant la fermeture ou la réduction des services : refuges, centres de jour et haltes-chaleur de nuit. Les personnes sans-abri infectées et celles qui attendaient les résultats des tests ont été transférées dans l’installation de quarantaine gérée par la Mission Old Brewery et ses partenaires.

Les personnes qui vivent dans l’itinérance, par définition, ne peuvent pas s’auto-isoler chez elles. L’installation leur permettant de s’isoler a dépassé sa capacité lorsque les premières grandes éclosions se sont déclarées dans les refuges.

Un deuxième centre d’isolement a dû être ouvert. Heureusement, sous la pression du secteur communautaire, les personnes sans-abri ont été vaccinées en priorité et le nombre de personnes infectées a enfin commencé à diminuer.

Mais que se passera-t-il cet hiver ? D’abord les bonnes nouvelles. Le personnel est plus expérimenté et fait preuve de résilience et de dévouement. Les équipes s’y connaissent en recherche de moyens pour garder des personnes parfois très difficiles à servir – y compris celles souffrant de graves maladies mentales et de dépendances – à l’intérieur et en isolement. Les personnes sans-abri (quel que soit leur âge) et les travailleurs qui les servent ont droit à une troisième dose de vaccin. Les tests de dépistage rapide pourraient aussi se révéler très utiles.

Cependant, face à un variant plus contagieux, nous disposons de moins de lits d’isolement dans nos zones rouges et orange que l’année passée avec peu de marge pour augmenter la capacité. Comme le dit le proverbe : « Espérons le meilleur, préparons-nous au pire. » Actuellement, le système de santé n’est pas préparé pour le pire scénario.

La leçon : pour les personnes sans-abri, le meilleur vaccin contre la COVID-19 est un logement abordable, bien à elles.

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