Nous avons demandé à différentes personnalités ce qu’elles souhaitaient trouver dans leur bas de Noël cette année.

Mes enfants s’émerveillent devant la première neige dansante, fragile et timide qui tapisse petit à petit le sol gelé. Lui est né il y a deux ans et demi lors d’un printemps incandescent alors que tout était possible. Elle a poussé son premier souffle il y a 14 mois dans la pénombre d’une chambre d’hôpital affolante. Une heure après avoir poussé ma fille de mes entrailles, on m’apprenait que j’étais covidée. Traumatisme, certes, qui marque une mère.

Mes petits, surnommés affectueusement gnocchis, ne se soucient guère des drames ordinaires et parfois sauvages du monde. Ils sont allègres. Devant la splendeur et l’enchantement de l’hiver, ils veulent jouer. Les soirs de ténèbres comme décembre nous les crache, je joue donc avec eux. Car le jour, comble de l’émancipation du XXIe siècle, je travaille. Grâce aux années de lutte, mes gnocchis apprennent passionnément avec des éducatrices qualifiées, passionnées et aimantes. Merci aux bâtisseuses chevronnées qui ont fait advenir nos services publics de garderie. Ceci est un pur joyau que nous devons chérir.

Pour l’année à venir, je souhaite à ma progéniture de continuer à s’émouvoir de tout et de rien, de feuilleter des contes enchanteurs qui racontent des histoires mignonnes de courage et d’espoir, de glisser à tout vent sur la neige glacée, de chantonner un refrain guilleret de Charlie Brown, d’avoir peur des monstres sous le lit, d’espérer rencontrer le père Noël.

Reconnaissante, à Noël, je remercierai du fond du cœur les éducatrices qui prennent soin de mes enfants. Elles leur transmettent, encore un peu plus chaque jour, le goût de grandir gaiement avec intelligence, curiosité et sensibilité. Ce n’est pas rien, c’est tout en somme. C’est la vie.

Sans elles, les autres femmes n’auraient pu s’affranchir de la sphère domestique. Les éducatrices en garderie sont le socle de notre société.

Il m’arrive d’avoir envie de les appeler « saintes », mais l’adoration a ses limites et ne change en rien leurs conditions de travail. On leur doit beaucoup plus que des « Joyeux Noël ». Elles méritent un salaire digne de leurs fonctions. Après des mois de lutte, les travailleuses des garderies ont vu leur rémunération augmenter. Je suis solidaire avec elles.

Le travail du care est défini par la chercheuse Pascale Molinier comme étant l’activité de soin donné à autrui : changer des couches, nourrir, bercer, laver… Le Conseil du statut de la femme avance d’ailleurs que 82 % du secteur social et sanitaire est composé de femmes. Les éducatrices sont à 96 % des femmes. Historiquement, les femmes de ce secteur sont mal rémunérées. C’est ce qu’avance la philosophe Fabienne Brugère, autrice de L’éthique du care. Elle rappelle avec clarté que ceux qui prodiguent de soins aux enfants notamment et aux personnes âgées sont issus de classes différentes, mais ont en commun d’être sous-payés.

Il est temps de s’intéresser à l’invisibilisation de leur statut précaire. Sans ces héroïnes, notre économie de marché axée sur la productivité plomberait au détriment de tous.

Je souhaite à mes enfants de s’émerveiller lumineusement encore un peu plus chaque jour. Leur candeur est un cadeau à chérir. Mais il fallait aussi prendre soin du personnel des garderies qui donne sans relâche. C’est pourquoi il me semble fondamental de réitérer notre appui à leur lutte des derniers mois. Pour sourire encore, demeurons solidaires.

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