Marie-Claire Blais est la première écrivaine qui s’est adressée à moi comme à une consœur alors même que je bourgeonnais à peine dans les mots et les textes. Elle est aussi celle qui a amorcé mon mouvement vers la campagne, longtemps avant qu’il n’ait lieu, en me recommandant de me trouver un atelier, un espace de travail « à moi » alors que mon bureau était dans le salon-salle à manger que je partageais alors avec toute une famille.

Elle m’a répété de soigner mon écriture, non pas dans le sens de bien choisir mes mots, mais dans le sens de leur accorder du temps, de prendre soin de l’art et d’accorder à la création la place centrale qu’elle occupe désormais dans ma vie.

PHOTO PAUL-HENRI TALBOT, ARCHIVES LA PRESSE

Marie-Claire Blais en 1973

J’étais toute seule à l’autre bout du monde, au Festival Atlantide, à Nantes, je ne connaissais personne, je ne connaissais pas Marie-Claire non plus, mais nous avons passé une soirée à parler et je me souviens de la chaleur des mots échangés, et du naturel de ce moment.

J’avais devant moi une géante, la seule que j’avais étudiée au secondaire en même temps que Gabrielle Roy et Anne Hébert, et je dévorais sa présence lumineuse sans en croire ma chance.

Je ne sais pas si on peut vraiment mourir quand on s’appelle Marie-Claire Blais. J’ai l’impression qu’un morceau d’elle demeure immuable et puissant, la trace indiscutable du chemin qu’elle a tracé pour toutes les femmes qui écrivent au Québec aujourd’hui.

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